L'émissaire international Lakhdar Brahimi a rencontré brièvement mercredi à Damas le président syrien Bachar al-Assad, une étape cruciale dans ses difficiles tractations pour parvenir à organiser une conférence de paix censée aboutir à une solution diplomatique au conflit meurtrier.

Cette rencontre est intervenue au lendemain de l'évacuation de quelque 500 civils, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées, de Mouadamiyat al-Cham, une banlieue au sud-ouest de Damas tenue par les rebelles et assiégée par l'armée, selon des rebelles.

M. Brahimi, qui n'était pas venu depuis décembre 2012 à Damas, a été reçu pendant moins d'une heure par le chef de l'État syrien.

Les journalistes présents à l'hôtel Sheraton où séjourne M. Brahimi ont vu l'émissaire quitter l'hôtel à 9 h 50 (3 h 50 à Montréal) en compagnie du vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad dans un convoi de voitures de l'ONU, avant de revenir une heure plus tard.

Aucune information n'a encore filtré sur la teneur de l'entretien entre M. Assad et l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, qui avait entamé le 19 octobre une tournée régionale pour préparer une conférence de paix, à l'initiative de la Russie et des États-Unis, espérée pour fin novembre après de multiples reports.

Lors de sa dernière visite, M. Brahimi avait été taclé par la presse syrienne pour avoir demandé à M. Assad s'il avait l'intention de se retirer après la fin de son mandat présidentiel à la mi-2014.

Après des déclarations ambiguës sur la place de M. Assad dans la transition dans un entretien publié lundi par l'hebdomadaire Jeune Afrique, l'émissaire a affirmé être venu à Damas pour préparer «une conférence pour le dialogue entre les parties syriennes».

«Seuls les Syriens décideront de l'avenir de la Syrie», a-t-il martelé mardi, selon l'agence officielle Sana.

«Ce sont (les parties syriennes), et pas moi, qui vont fixer la phase transitoire et la suite», avait-il également affirmé à des journalistes.

Lors d'un entretien, mardi, avec le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, l'émissaire international a par ailleurs assuré que les «points de vue étaient convergents sur l'importance de mettre fin à la violence, au terrorisme, au respect de la souveraineté de la Syrie, à l'unité de son territoire», selon Sana.

Brahimi critiqué par l'opposition

La mission de M. Brahimi est extrêmement délicate, car chacun de ses propos est jugé par les camps adverses.

«M. Brahimi a failli à sa mission», qui est «de travailler à une solution politique pour mettre fin au régime despotique afin de rétablir la liberté et la justice en Syrie», a ainsi assuré dans un communiqué lundi soir la Coalition de l'opposition.

«Les récentes déclarations de M. Brahimi sur le rôle de Bachar al-Assad dans la phase de transition et la participation de l'Iran à la conférence de Genève-2 représentent une violation du rôle qui lui est attribué et sont contraires à la position du Groupe des "Amis du peuple syrien" affirmée à Londres», a ajouté l'opposition.

Sur le terrain, quelque 500 civils ont été évacués de Mouadamiyat al-Cham, une ville au sud-ouest de Damas tenue par les rebelles et assiégée depuis plus d'un an par l'armée, selon des rebelles.

« Le Croissant-Rouge a évacué 500 civils de Mouadamiyat al-Cham (...) dans une opération à laquelle toutes les parties - la Coalition nationale (de l'opposition), le régime et la communauté internationale - ont participé », ont indiqué les rebelles de cette ville sur leur page Facebook.

L'opposition « a accepté à contrecoeur cette opération d'évacuation, connaissant les dangers qu'encourent les personnes évacuées à leur sortie ».

« Les déplacés seront transportés dans des camps organisés par le régime en accord avec le Croissant-Rouge à Qodsaya » à l'ouest de Damas, ont-ils ajouté.

Le 12 octobre, 3000 civils avaient été évacués dans une opération similaire dans cette même ville, théâtre d'une attaque chimique meurtrière le 21 août attribuée par l'opposition et plusieurs pays, États-Unis en tête, au régime syrien.