Des experts de l'ONU sont arrivés mercredi en Syrie où ils doivent enquêter sur plus d'une dizaine d'attaques présumées aux armes chimiques, sur fond de tractations internationales sur une résolution sur le désarmement de l'arsenal chimique syrien.

Le président américain Barack Obama a réclamé mardi une résolution «ferme» du Conseil de sécurité assortie de «conséquences» pour le régime de Bachar al-Assad s'il ne tenait pas parole sur la destruction de ses armes chimiques.

Dirigée par Aake Sellström, l'équipe d'experts des Nations unies est arrivée à Damas en fin de matinée dans un convoi de trois véhicules de l'ONU, selon un photographe de l'AFP sur place.

Elle s'était déjà rendue le mois dernier en Syrie où elle avait enquêté sur une attaque à l'arme chimique le 21 août près de Damas, qui avait fait près de 1500 morts, selon Washington.

Dans un rapport présenté le 16 septembre, la mission de l'ONU a conclu à l'utilisation de gaz sarin à une large échelle.

Les experts doivent désormais enquêter sur d'autres allégations de recours à l'arme chimique à travers le pays. «Il y a eu d'autres accusations présentées au secrétaire général de l'ONU, datant de mars, contre les deux parties. Il y en a environ 13 ou 14 qui doivent examinées», avait dit récemment à l'AFP M. Sellström.

Il a précisé que son équipe espérait être capable de présenter un rapport final sur toutes les accusations «peut-être à la fin octobre».

Les experts ont pour mandat de déterminer si des attaques chimiques ont eu lieu, mais pas de pointer du doigt leurs auteurs.

Mais pour Washington, Paris et Londres, le premier rapport de l'ONU ne laisse «aucun doute» quant à la «responsabilité extrêmement claire» du régime syrien.

La Russie, fidèle alliée de Damas, a de son côté jugé partial ce rapport et réclamé le retour de la mission en Syrie pour enquêter sur d'autres attaques présumées dont elle accuse les rebelles.

L'attaque du 21 août avait conduit Washington à menacer Damas de frappes militaires, une action finalement repoussée sine die suite à l'engagement du régime syrien à démanteler d'ici la mi-2014 son arsenal chimique, après un accord conclu le 14 septembre à Genève entre les Etats-Unis et la Russie.

Paris réclame des «mesures coercitives»

Si Damas a rendu dans les temps l'inventaire de son arsenal chimique à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), les tractations diplomatiques se poursuivent depuis une semaine en vue de l'adoption d'une résolution à l'ONU sur le désarmement chimique du régime syrien.

Depuis la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, le président américain Obama a estimé mardi que la résolution devait être «ferme» et permettre de «vérifier que le régime Assad tient ses engagements».

Son homologue français François Hollande a lancé un appel similaire au Conseil de sécurité, l'exhortant à adopter une résolution prévoyant «des mesures coercitives, c'est-à-dire sous Chapitre VII, qui ouvriraient la voie à une éventuelle action armée contre le régime en cas de manquement à ses obligations».

Mais le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a réaffirmé que pour Moscou, il n'était «pas question d'adopter une résolution au Conseil de sécurité sous chapitre VII, ni d'application automatique de sanctions ou encore moins de recours à la force».

Pour autant, M. Riabkov a admis la «mention» dans la résolution du chapitre en question, ouvrant ainsi l'espoir d'un compromis dans l'actuel bras de fer.

«Le chapitre VII ne peut être mentionné que comme un élément de l'éventail de mesures, si sont détectés (...) des faits comme le refus de coopération, la non-application des engagements, ou si quelqu'un, peu importe qui, a recours à l'arme chimique», a-t-il dit.

Une délégation de l'opposition syrienne a regretté mardi lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry la suspension des frappes aériennes américaines et a plaidé pour un soutien renforcé des Etats-Unis à leur combat.

Les rebelles combattent en effet désormais sur deux fronts: contre le régime mais aussi contre les groupes les plus extrémistes, a reconnu un responsable du Département d'Etat.

Certains de ces groupes islamistes, dont les jihadistes du Front Al-Nosra, lié à Al-Qaïda, ont indiqué mardi soir qu'ils ne reconnaissaient pas la Coalition nationale syrienne comme leur représentant et appelé à l'unité des combattants sous le drapeau de l'islam et de la charia.

La tension latente entre le courant majoritaire de la rébellion et la faction dure liée à Al-Qaïda avait éclaté au grand jour avec la conquête par des jihadistes le 18 septembre de la ville d'Azaz (nord), contrôlée jusqu'alors par des rebelles.

Sur le terrain, pendant ce temps, les violences ne cessaient pas, des combats étant notamment signalés dans la province de Deraa (sud) et à Jobar et Barzé, deux quartiers de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).