La Syrie a «déjà donné son accord» à la proposition russe de placer son arsenal chimique sous contrôle international, a déclaré mardi à Moscou le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, selon les agences russes.

«Hier (lundi), nous avons eu une séance de négociations fructueuses avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (...), et déjà en soirée, nous avons donné notre accord à l'initiative russe», a déclaré M. Mouallem, selon des propos cités par les agences russes, traduits de l'arabe.

Le ministre syrien a souligné que l'objectif était de «couper l'herbe sous le pied à une agression américaine».

La proposition russe prévoit de placer sous contrôle international le stock d'armes syrien, et ensuite de le détruire.

La Russie, allié indéfectible du régime de Damas, espère que cette initiative permettra d'éviter d'éventuelles frappes américaines contre le régime de Damas.

L'administration du président américain Barack Obama s'est livrée depuis dix jours à une opération de grande envergure pour convaincre les élus, mais aussi l'opinion publique, de soutenir une opération militaire «limitée» en Syrie en réaction à une attaque chimique le 21 août près de Damas, qui a fait 1429 morts selon le renseignement américain.

Pas un «processus sans fin»

La proposition russe de placer sous contrôle international l'arsenal d'armes chimiques syrien ne doit pas se traduire par un «processus sans fin», a mis en garde mardi un porte-parole du premier ministre britannique David Cameron.

«Il ne peut en aucun cas s'agir d'un processus sans fin. Accepter cela fait partie intégrante des éléments qui nous permettront de déterminer s'il s'agit ou pas d'une offre sérieuse et véritable», a indiqué le porte-parole de Downing Street lors d'un point presse à Londres. Il répondait à la question de savoir si le Royaume-Uni comptait fixer un calendrier pour la mise en place des propositions russes.

«Nous devons être très vigilants quant au risque d'une tactique de diversion. C'est pourquoi je dis que cela ne peut pas être un processus sans fin», a-t-il ajouté.

«Si c'est une offre sérieuse et véritable, alors nous l'encouragerons, mais j'insiste sur le "si"», a ajouté le porte-parole.

Lundi, le premier ministre David Cameron avait jugé que cette proposition serait «un grand pas en avant» s'il ne s'agissait pas d'une «manoeuvre de diversion».

PHOTO ALEXANDER ZEMLIANICHENKO, AP

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.

Une option discutée par Obama et Poutine

Les présidents russe Vladimir Poutine et américain Barack Obama avaient discuté de la mise sous contrôle international des armes chimiques syriennes lors de leur tête-à-tête au sommet du G20 la semaine dernière, a déclaré mardi le porte-parole du Kremlin.

«Ils ont en effet examiné cette question», a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Interfax.

M. Peskov a refusé de préciser qui était à l'origine de cette idée. «Nous ne divulguons pas le contenu des discussions», a-t-il dit.

M. Obama avait déjà indiqué lundi soir, dans une interview à la chaîne américaine PBS, avoir discuté de cette question avec M. Poutine à Saint-Pétersbourg.

«J'ai bien eu ces conversations. Et c'est la suite des conversations que j'ai eues avec le président Poutine depuis un certain temps», a-t-il déclaré.

Barack Obama et Vladimir Poutine avaient parlé en tête-à-tête de la crise en Syrie vendredi en marge du sommet du G20, alors qu'aucune rencontre bilatérale entre les deux hommes n'était prévue. M. Poutine avait toutefois indiqué ensuite que cela n'avait permis aucune avancée dans le dossier.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré mardi que la proposition qu'il avait faite lundi soir, n'était «pas une initiative entièrement russe».

«Elle a émergé des contacts que nous avons eus avec nos collègues américains, des déclarations hier de John Kerry (chef de la diplomatie américaine, NDLR), qui a offert la possibilité d'éviter des frappes si ce problème peut être réglé», a souligné M. Lavrov.