Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde mardi contre les risques d'une «action punitive» en Syrie en réponse à l'utilisation d'armes chimiques.

«Nous devons considérer l'impact qu'aurait une action punitive sur les efforts pour empêcher d'autres effusions de sang et faciliter un règlement politique du conflit», a-t-il déclaré à la presse.

Il a aussi estimé que toute action militaire devait passer par le Conseil de sécurité de l'ONU, qu'il a exhorté à «surmonter le blocage» actuel entre Occidentaux et Russes.

«Je demande aux membres (du Conseil) de s'unir et de définir une réponse appropriée au cas où les accusations (à propos des armes chimiques) se révèleraient vraies», a-t-il déclaré. «Ce problème dépasse le conflit en Syrie : il s'agit de notre responsabilité collective envers l'humanité».

Il a semblé critiquer la volonté affichée par les États-Unis de s'engager si nécessaire dans une opération militaire en Syrie sans aval préalable de l'ONU. «Toute action future, en tenant compte du résultat des analyses (d'échantillons recueillis sur place par les enquêteurs de l'ONU), devra être examinée par le Conseil de sécurité», a-t-il affirmé. «Je lance un appel pour que tout soit traité dans le cadre de la charte des Nations unies».

Pour M. Ban, aux termes de cette charte, «l'usage de la force est légal uniquement quand il s'agit (pour un État membre) de se défendre, conformément à l'article 51 de la Charte, ou quand le Conseil de sécurité a approuvé une telle action» militaire.

Il s'est cependant refusé à dire s'il considérait comme illégale une opération menée contre le régime syrien par les États-Unis ou une coalition de pays sans feu vert de l'ONU. Il s'est contenté de déclarer «qu'il appréciait les efforts (du président Obama) pour obtenir un soutien large du peuple américain, en particulier du Congrès».

En ce qui concerne l'enquête de l'ONU, M. Ban a indiqué que les échantillons recueillis sur le site du massacre du 21 août dans la banlieue de Damas «arriveront d'ici demain aux laboratoires» qui doivent les analyser.

Le secrétaire général a reçu mardi matin les ambassadeurs des dix pays membres non permanents du Conseil de sécurité pour les informer du déroulement de l'enquête.

Il doit quitter New York mardi après-midi pour Saint-Pétersbourg (Russie), où se tient un sommet du G20.

M. Ban a confirmé qu'il «profiterait de cette réunion pour discuter avec les dirigeants mondiaux» de la crise syrienne et a réaffirmé qu'il fallait «redoubler d'efforts pour convoquer dès que possible la conférence Genève II», censée préparer une transition en Syrie. Les préparatifs de cette réunion, prévue en juin et qui n'a cessé d'être retardée depuis, sont au point mort en raison de divergences sur l'ordre du jour de la réunion et sur les participants.

Une initiative politique internationale

L'ex-chef de l'opposition syrienne, Moaz al-Khatib, a estimé mardi à Bruxelles que la communauté internationale devait lancer une initiative politique si une action militaire était engagée par les États-Unis et la France.



«Nous devons avoir une initiative politique en cas d'action militaire», a déclaré M. al-Khatib devant des journalistes, à l'occasion d'une visite à Bruxelles où il a notamment rencontré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

«Une solution politique est possible, car, pour la première fois, le régime est préoccupé» par la perspective de frappes, a ajouté M. al-Khatib, qui avait démissionné au printemps de la présidence de la Coalition de l'opposition. «Des membres du régime ont peur d'une action militaire. Ils sont donc prêts à un changement», selon lui.

Pour M. al-Khatib, Bachar al-Assad «reste la clé» d'une solution, qui passe «par son départ». En mai, il avait été le premier responsable de l'opposition à proposer d'accorder un sauf-conduit au président syrien pour qu'il quitte le pays.

Il s'est déclaré «sûr à 100 %» que l'attaque du 21 août avait été perpétrée par le régime, même si la décision d'utiliser les armes chimiques a pu être prise par un responsable militaire.

Vivant actuellement au Caire, M. al-Khatib, qui a été imam d'une grande mosquée sunnite de Damas, se présente comme «un simple citoyen syrien (...) prêt à être un acteur du dialogue lorsque sera décidé l'avenir du pays».

Il a estimé que le conflit syrien n'était «pas une guerre civile». «Une très grande majorité de la population est prête à vivre ensemble», selon lui.