Le pape François a appelé dimanche le monde entier à observer une journée de jeûne pour la paix en Syrie, un geste fort qui reprend celui lancé par Jean-Paul II après les attentats du 11 septembre.

Cette journée de «prière et de jeûne», à laquelle le pape argentin a invité à se joindre tous les chrétiens, mais aussi les fidèles des autres religions et les non-croyants, se déroulera le samedi 7 septembre.

Dans un appel vibrant et solennel lancé devant la foule rassemblée place Saint-Pierre pour l'Angelus dominical, le pape a fermement condamné l'usage des armes chimiques en Syrie, mais réitéré sa vive opposition à toute intervention armée.

«Un cri s'élève avec force... c'est le cri de la paix», «plus jamais la guerre!», a lancé le pape, reprenant la fameuse phrase prononcée par Paul VI devant l'ONU en 1964, en pleine guerre du Vietnam.

«Je condamne avec une particulière fermeté l'usage des armes chimiques. J'ai encore les terribles images des derniers jours gravées dans l'esprit et le coeur », a poursuivi le pape argentin avant de s'écrier: «il y a un jugement de Dieu et un jugement de l'Histoire sur nos actions auquel on ne peut pas échapper!»

Jorge Bergoglio ne s'est pas prononcé sur la responsabilité du massacre présumé à l'arme chimique, survenu le 21 août dans la banlieue de Damas, et perpétré selon Washington et Paris par l'armée syrienne. Mais dans son allusion au «jugement de Dieu», il reprenait l'avertissement lancé par Jean Paul II... à la mafia lors d'un voyage en Sicile, a souligné le vaticaniste Luigi Accattoli, interrogé par l'AFP.

Comme il l'a répété ces derniers jours, le pape François est opposé à toute frappe militaire. Il a appelé les parties au conflit dans le pays à «entreprendre avec courage la voie de la négociation, au-delà d'une opposition aveugle».

Quant à la communauté internationale, il l'a «exhortée à faire tous les efforts pour promouvoir sans hésitation des initiatives pour la paix dans ce pays, basées sur le dialogue».

«Ce n'est pas l'usage de la violence qui porte la paix. La guerre appelle la guerre. La violence appelle la violence», a-t-il martelé. Il s'est déclaré «très blessé» non seulement par «ce qui est en train de se passer en Syrie», mais aussi par «les dramatiques développements qui se profilent», une allusion aux frappes auxquelles semblent déterminés le président américain Barack Obama et son homologue français François Hollande.

M. Obama a annoncé sa décision de principe de frappes contre le régime de Damas, tout en réclamant l'aval du Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre.

Coïncidence ou décision tactique, la journée de prière décrétée par le pape aura lieu deux jours avant, le 7 septembre, afin de former «une chaîne qui unisse toutes les femmes et les hommes de bonne volonté».

Une initiative forte qui reprend celle lancée par Jean Paul II après les attentats contre les tours du World Trade Center le 11 septembre 2001, rappelle M. Accattoli. Le pape polonais avait lui aussi appelé le monde entier, non-croyants compris, à une journée de jeûne et de prière pour la paix.

Comme le rappelle cet expert, le jeûne dans la tradition chrétienne est beaucoup moins précis que dans les religions juive ou musulmane. «Chacun l'interprète à sa manière, sans manger, sans boire, ou en se privant seulement de certains repas ou certains plats». D'autres journées mondiales de jeûne et de prière ont été décrétées dans le passé, mais il s'agissait de «Journées de la paix» décrétées de longue date et non liées à un conflit précis.

Le pape François a également annoncé une veillée de prière le même jour de 19 h à 24 h (17 h GMT à 22 h GMT) sur la place Saint-Pierre.