La Russie bloquait jeudi un projet de déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU demandant un accès humanitaire urgent à la ville de Homs (centre de la Syrie) assiégée par l'armée syrienne, selon des diplomates.

Homs est depuis plusieurs jours la cible d'une offensive de l'armée syrienne et quelque 2500 civils y sont bloqués par les combats.

Le projet de déclaration demande au gouvernement syrien d'autoriser les organisations humanitaires à accéder librement à Homs et de laisser sortir les civils «pris au piège».

Il était initialement soumis à une «procédure de silence» jusqu'à mercredi à la mi-journée. Selon cette procédure, si aucun des 15 pays membres du Conseil n'a objecté à la fin du délai fixé, le texte est réputé adopté. La Russie, fidèle allié du régime syrien, a d'abord demandé une extension du délai jusqu'à jeudi matin avant de proposer des amendements au texte.

Selon un diplomate du Conseil, les Russes «veulent montrer qu'il n'est pas possible de se mettre d'accord sur la Syrie».

«Les Russes ont demandé des changements» au texte, a précisé un autre diplomate. «Mais si on se base sur ces demandes, il n'y a aucune chance de se mettre d'accord aujourd'hui malgré l'urgence de la situation».

Contrairement à une résolution, une déclaration requiert l'unanimité des 15 pays membres.

Le projet de déclaration réclame un «accès immédiat, sûr et sans entrave» aux habitants de Homs qui ont besoin d'aide humanitaire d'urgence et rappelle à Damas sa «responsabilité première» dans la protection des civils.

Le texte «demande à toutes les parties en Syrie de faire le maximum pour protéger les civils, y compris en leur permettant de quitter Homs, et d'éviter des pertes civiles, rappelant la responsabilité première du gouvernement syrien à cet égard».

Cette déclaration est quasi identique à celle que le Conseil avait adoptée le 7 juin dernier concernant le siège de Qousseir (centre de la Syrie). La Russie avait alors bloqué le texte avant de l'approuver une fois Qousseir reprise par les forces gouvernementales. Il s'agissait de la première déclaration unanime du Conseil sur la Syrie depuis des mois, si on excepte la dénonciation d'actes terroristes.

Depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011, la Russie s'est souvent opposée à des déclarations ou résolutions critiquant son allié syrien, y compris en mettant son veto à des résolutions.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'était déclaré mardi très inquiet du sort des civils «pris au piège» à Homs et avait demandé aux belligérants de les laisser quitter la ville et recevoir des secours.

Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), les agences humanitaires ont stocké des médicaments et des vivres pour 40 000 personnes dans divers quartiers de Homs mais ne peuvent les livrer faute d'un accord sur un «accès sécurisé».