Le secrétaire d'État John Kerry a parlé vendredi au téléphone avec son homologue russe Sergueï Lavrov des preuves américaines d'une utilisation par Damas d'armes chimiques et d'une conférence internationale de paix sur la Syrie, a indiqué un responsable américain.

«Le secrétaire d'État a dit clairement que le régime syrien devait accepter des enquêteurs de l'ONU et que la Russie devait soutenir cette enquête de l'ONU après l'évaluation (faite par Washington) du recours aux armes chimiques» par l'armée syrienne, a dit un diplomate du département d'État.

Auparavant, la porte-parole du ministère, Jennifer Psaki, avait annoncé que le président Barack Obama présenterait «toutes les preuves» sur les armes chimiques à son homologue russe Vladimir Poutine au cours du sommet du G8 les 17 et 18 juin en Irlande du Nord.

Le président américain expliquera à M. Poutine «les raisons pour lesquelles nous sommes si confiants» après «l'évaluation révélée par la Maison-Blanche sur le recours aux armes chimiques», a dit Mme Psaki.

Washington a accusé clairement jeudi le régime syrien d'avoir utilisé du gaz sarin contre les rebelles.

Mais Moscou a mis en doute ces allégations et a appelé Washington à ne pas répéter l'erreur commise pour l'Irak il y a dix ans avec le prétexte des armes de destruction massive.

Mme Psaki a assuré que l'Histoire ne se répéterait pas, en faisant référence à une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en 2003: le secrétaire d'État de l'époque, Colin Powell, avait montré une fiole contenant selon lui de l'anthrax, une arme biologique, pour justifier une intervention armée en Irak contre Saddam Hussein.

Aucune arme de destruction massive n'ayant jamais été trouvée en Irak, M. Powell a reconnu ensuite avoir été trompé et le précédent hante depuis dix ans la politique étrangère américaine.

«Je vous rappelle que le secrétaire d'État (John Kerry) et le président (Obama) avaient pris part -- dans des fonctions différentes bien entendu -- aux débats de l'époque autour de l'Irak», a dit Mme Psaki, en allusion à l'opposition véhémente à la guerre en Irak exprimée par MM. Obama et Kerry qui étaient alors sénateurs.

Par ailleurs, John Kerry et Sergueï Lavrov ont discuté de la préparation de la conférence internationale dite Genève-2, selon le responsable du département d'État. L'Américain a dit «croire qu'une négociation politique est la seule solution pour le peuple syrien».

La Russie, principal soutien de Damas, et les États-Unis cherchent à organiser depuis le mois de mai cette conférence Genève-2, qui réunirait des représentants du régime syrien et de l'opposition, pour tenter de trouver une issue au conflit qui a fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011.