L'armée syrienne, épaulée par le Hezbollah libanais, a annoncé s'être emparée de l'aéroport de Dabaa, prémices d'une offensive de tous les côtés contre les rebelles à Qousseir, au moment où Washington exigeait «le retrait immédiat» du Hezbollah de Syrie.

À Istanbul, plusieurs diplomates de pays soutenant l'opposition syrienne se sont rendus à la réunion de la Coalition nationale de l'opposition, pour tenter de débloquer les débats.

De son côté, la Russie, soutien de Damas, a estimé que la levée par l'Union européenne de l'embargo sur les livraisons d'armes aux insurgés posait «de sérieux obstacles» à la conférence internationale de paix sur la Syrie baptisée «Genève-2», qu'elle prépare pour juin avec les États-Unis.

Le régime y a donné son accord de principe et l'opposition, rongée par ses divisions, n'est toujours pas parvenue à prendre une décision, alors que les violences ont fait plus de 94.000 morts depuis mars 2011 selon une ONG, et poussé à la fuite plus de cinq millions de Syriens.

«L'armée syrienne contrôle l'aéroport de Dabaa à l'issue d'une opération militaire de plusieurs heures commencée dans la matinée», a affirmé une source militaire à l'AFP, précisant que «cette opération a abouti à la libération de l'aéroport et la mort de dizaines d'hommes».

Al-Manar, la télévision du Hezbollah, a diffusé des images de l'intérieur de cet ancien aéroport montrant des chars postés près des hangars et des soldats tirant vers l'extérieur.

L'armée contrôle désormais toutes les issues de Qousseir, stratégique tant pour le régime que pour les insurgés, et peut lancer une offensive généralisée de tous les côtés contre le dernier carré d'insurgés dans cette ville du centre-ouest de la Syrie.

«Nous pouvons désormais nous diriger vers le quartier nord de Qousseir», où sont retranchés les insurgés, a déclaré un officier à al-Manar.

Cette avancée fait suite à l'envoi vers la ville dans la matinée de renforts du Hezbollah libanais et des forces spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes syriennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Guerre confessionnelle

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que le Hezbollah, fer de lance de l'assaut lancé le 19 mai contre Qousseir, avait déployé 3.000 à 4.000 combattants en Syrie.

«Nous exigeons que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie» a déclaré une porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, dénonçant «une escalade inacceptable».

A Genève, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a condamné l'intervention de «combattants étrangers» aux côtés des forces armées syriennes à Qousseir et a demandé une enquête de l'ONU sur les violences dans cette ville.

Une résolution en ce sens, présentée par les États-Unis, le Qatar et la Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le Venezuela). Huit pays se sont abstenus.

Le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a estimé que «le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d'autre ne fait qu'encourager la violence confessionnelle».

Selon M. Abdel Rahmane, «des combattants sunnites libanais» se battent en outre du côté des rebelles, donnant au conflit «de plus en plus une dimension confessionnelle».

Le régime en Syrie est dirigé par la communauté minoritaire alaouite, une branche du chiisme, tandis que la majorité de la population syrienne et des rebelles sont des sunnites.

Le contrôle de Qousseir est essentiel pour la rébellion, car cette ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban, mais aussi pour le régime, car la cité est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.

A Istanbul, des diplomates saoudiens, qataris, français, turcs et américains ont débarqué dans l'hôtel où est réunie l'opposition depuis une semaine, pour tenter de sortir de l'ornière les palabres sans fin au sein de la Coalition.

«Si nous ne réussissons à pas à nous mettre d'accord maintenant je ne sais pas ce qui arrivera à la Coalition», a affirmé à l'AFP l'un de ses membres.

De son côté, l'Iran, allié régional de la Syrie qui n'est pas invité à la conférence de Genève-2, a dit souhaiter une «solution politique» en Syrie, lors d'une conférence internationale organisée à Téhéran en l'absence des parties en conflit.