Le régime du président syrien Bachar al-Assad s'est dit pour la première fois lundi prêt au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit, mais ces derniers ont rejeté toute négociation avant le départ du chef de l'Etat et le retrait de l'armée des villes.

Cependant, la Coalition de l'opposition syrienne a annoncé qu'elle participerait finalement jeudi à Rome à la réunion des Amis du peuple syrien qu'elle avait menacé de boycotter pour dénoncer «le silence international» sur les crimes commis par le régime.

«Nous sommes prêts au dialogue avec tous ceux qui veulent le dialogue, y compris les groupes armés», a déclaré le chef de la diplomatie syrienne, Walid al-Mouallem, au début d'entretiens à Moscou avec son homologue russe, Sergueï Lavrov.

«Nous restons favorables à un règlement pacifique du problème syrien. Une commission gouvernementale a été créée pour mener des pourparlers avec l'opposition dans le pays et même avec l'opposition à l'extérieur» de la Syrie, a-t-il ajouté.

Mais le chef d'état-major de l'armée rebelle en Syrie, Sélim Idriss, a affirmé que les insurgés refusaient toute négociation avec Damas avant le départ de M. Assad et le retrait de l'armée des villes.

«Walid Mouallem veut qu'on s'asseoie avec lui à la table de négociations (...). Je ne m'assiérai avec Mouallem ou quelqu'un d'autre de cette clique qu'après l'arrêt de toutes les tueries et le retrait de l'armée des villes» et le départ «du chef de la bande criminelle», a-t-il dit.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui doit rencontrer M. Lavrov mardi à Berlin, s'est montré très sceptique quant à la proposition de M. Mouallem.

«Il me semble plutôt difficile de comprendre comment --quand vous voyez des missiles Scud tomber sur des innocents à Alep-- on peut croire très sérieusement qu'ils sont prêts au dialogue», a-t-il déclaré à propos des tirs de missiles sol-sol sur Alep (nord), qui ont tué vendredi 58 personnes dont 36 enfants.

Ces violences sont «une nouvelle preuve qu'Assad doit partir», a-t-il ajouté.

«Solution politique»

De son côté, M. Lavrov a déclaré qu'il n'y avait en Syrie «aucune» autre solution «acceptable» qu'un «règlement politique par un dialogue entre le gouvernement et l'opposition», mettant en garde contre les conséquences d'une poursuite du conflit qui a fait, selon l'ONU, 70.000 morts en bientôt deux ans.

M. Lavrov a réaffirmé qu'il revenait au peuple syrien de «décider de son sort sans intervention extérieure».

Seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas à qui elle livre des armes, la Russie a jusqu'à présent bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime du président Assad.

La Coalition de l'opposition syrienne, qui avait suspendu samedi sa participation à plusieurs rencontres à l'étranger pour dénoncer le «silence international sur les crimes» du régime, a annoncé lundi qu'elle participerait finalement à la réunion des Amis du peuple syrien jeudi à Rome.

Le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, a affirmé que cette décision avait été prise après que M. Kerry et le chef de la diplomatie britannique William Hague eurent «promis des aides spécifiques pour soulager la souffrance de notre peuple».

Plusieurs pays dont les Etats-Unis avaient contacté l'opposition pour la convaincre de revenir sur sa décision.

«Je veux que nos amis au sein du Conseil de l'opposition syrienne sachent que nous ne venons pas à Rome simplement pour parler. Nous allons à Rome pour prendre une décision sur les prochaines étapes (...), même si je tiens à souligner que la politique des Etats-Unis est de rechercher une solution politique», a affirmé M. Kerry à Londres.

Alors que les violences ont encore fait au moins 92 morts dans le pays lundi, le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, a déploré que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu à porter le cas syrien devant la Cour pénale internationale.

Sur le terrain, les combats ont été particulièrement intenses dans l'ouest de la province d'Alep (nord), où au moins 30 soldats syriens et 23 rebelles ont été tués en 24 heures.

Cinq soldats ont été tués lundi soir dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un poste de contrôle de l'armée dans le nord-est de Damas, alors que les rebelles progressent vers le centre de la capitale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Par ailleurs, un personnel des Nations unies membre de la Force chargée de l'observation du désengagement sur le Golan (FNUOD) entre Israël et la Syrie est porté disparu, a annoncé l'ONU lundi.