Le premier ministre russe Dmitri Medvedev a déclaré dimanche que le président syrien Bachar al-Assad avait commis une «erreur peut-être fatale» en tardant trop à mettre en oeuvre des réformes politiques.

«Il aurait dû agir beaucoup plus vite et inviter l'opposition pacifique qui était prête à s'asseoir à la table des négociations avec lui. C'est une grave erreur de sa part, peut-être fatale», a déclaré M. Medvedev, cité par les agences russes.

«Il me semble que ses chances de maintien (au pouvoir) s'amenuisent de jour en jour», a ajouté M. Medvedev au sujet de Bachar al-Assad.

Le premier ministre russe s'exprimait dans une interview à la chaîne de télévision CNN réalisée en marge du Forum de Davos (Suisse), dont l'intégralité a été publiée sur le site du gouvernement russe.

M. Medvedev a souligné avoir essayé à plusieurs reprises de convaincre en personne M. Assad de dialoguer avec l'opposition, en vain.

«À mon avis, les dirigeants syriens ne sont pas prêts à cela. Mais d'un autre côté, il ne faut en aucun cas permettre que l'élite politique soit emportée par un conflit armé», a estimé le chef du gouvernement russe.

Dans cette interview, M. Medvedev a réaffirmé la position de la Russie selon laquelle seul le peuple syrien est habilité à décider du sort du président Assad, dont les Occidentaux réclament le départ.

«Je le répète une nouvelle fois: c'est au peuple syrien de décider. Pas à la Russie, pas aux États-Unis et ni à n'importe quel autre pays», a ajouté M. Medvedev.

La Russie, un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle livre des armes, s'oppose à toute ingérence dans le conflit qui a fait selon l'ONU plus de 60.000 morts depuis le début de la révolution il y a près de deux ans.

M. Medvedev a également réaffirmé que Moscou n'oeuvrait pas au maintien au pouvoir de M. Assad.

«Nous n'avons jamais dit que notre objectif était le maintien du régime politique actuel ou le maintien du président Assad. C'est au peuple syrien de décider», a-t-il insisté.

La Russie n'a jamais été un allié exclusif de la Syrie ou de Bachar al-Assad, a observé le premier ministre.

«Nous avons eu de bonnes relations avec son père et avec lui, mais il a eu des alliés plus privilégiés parmi les pays européens», a-t-il observé.

La semaine dernière, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait déclaré que l'éviction du président Assad ne figurait pas dans les accords internationaux et qu'elle était «impossible à mettre en oeuvre».

La Russie, seule grande puissance à entretenir encore des relations étroites avec Damas, a bloqué jusqu'ici avec la Chine tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le président Assad.

Samedi, le vice-premier ministre syrien Qadri Jamil avait déclaré à la radio Echo de Moscou que la Russie continuait de livrer des armes à Damas dans le cadre de contrats conclus de longue date.