Une cinquantaine d'Iraniens retenus par les rebelles syriens ont été libérés mercredi en échange de plus de 2000 personnes détenues par le régime, tandis que l'émissaire Lakhdar Brahimi évoquera vendredi avec Russes et Américains la guerre en Syrie.

Il s'agit du plus important échange de détenus depuis le début du conflit il y a près de deux ans. C'est aussi la première fois qu'un tel échange est annoncé publiquement, un geste sans précédent de la part de Damas en faveur de son allié iranien, deux régimes isolés au plan international.

Les otages iraniens sont arrivés dans l'après-midi dans un hôtel de Damas où les attendait l'ambassadeur d'Iran Mohammad Reza Chibani.

Les insurgés ont accepté de libérer les 48 Iraniens enlevés depuis plus de cinq mois après l'accord du régime pour relâcher 2135 personnes, dont «des figures importantes», selon Ahmed al-Khatib, chef du Conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) à Damas.

Ils accusaient les Iraniens d'être des membres des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien, et avaient menacé de les tuer. Téhéran les a d'abord présentés comme des pèlerins, avant de reconnaître qu'il y avait parmi eux des Gardiens de la révolution «à la retraite».

M. Khatib a précisé à l'AFP que les négociations pour leur libération avaient été menées «sous l'égide de la Turquie et du Qatar» et ont permis l'accord d'échange. L'Iran est également intervenu auprès de Damas, selon lui.

Serkan Nergis, porte-parole de l'ONG turque, l'organisation humanitaire islamiste IHH qui a assuré avoir joué le rôle de médiateur, a précisé que quatre Turcs figuraient parmi ces détenus. «Le régime a commencé (mercredi) à libérer les 2130 civils détenus dans différentes villes».

La Syrie a basculé dans la guerre civile après qu'une révolte populaire violemment réprimée par le régime s'est militarisée. Plus de 60 000 personnes y sont mortes depuis le 15 mars 2011 selon l'ONU.

Pour tenter de mettre un terme aux combats entre rebelles et soldats qui ne connaissent aucun répit, Moscou a annoncé une rencontre vendredi à Genève entre M. Brahimi et des responsables russe et américain.

Mais les positions des deux grandes puissances sur la Syrie sont diamétralement opposées, Washington réclamant le départ du président Bachar al-Assad et Moscou soutenant son régime.

Ces nouveaux pourparlers interviennent après que M. Assad a proposé dimanche un plan de sortie de crise le maintenant au pouvoir, qui a été rejeté par l'Occident et l'opposition syrienne.

Pour la Russie, les négociations internationales doivent «tenir compte de certaines idées avancées» par M. Assad.

Après plus d'un an et demi de combats acharnés, les rebelles sont parvenus à chasser l'armée régulière de larges zones de l'est et du nord, mais les troupes défendent pied à pied un axe allant du sud au pays alaouite sur la côte ouest, en passant par Damas.

Les combats se concentrent désormais dans la périphérie de Damas, notamment dans le nord-ouest où l'armée ne tient plus quelques bases.

Selon une source militaire, il y aurait 4500 rebelles dans la région de Damas, dont 150, appartenant au Front djihadiste al-Nosra, à Daraya.

L'armée a poursuivi mercredi ses raids aériens, dont l'un a tué quatre enfants d'une même famille près de Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

Ailleurs dans le pays, l'artillerie du régime a pilonné des localités proches de Damas, et les rebelles tentaient de prendre des positions de l'armée dans le nord-ouest, selon l'OSDH.

Enfin, les centaines de milliers de réfugiés ayant fui les violences en Syrie affrontaient dans les pays voisins une violente tempête dans leurs abris de fortune.