L'émissaire international Lakhdar Brahimi a affirmé dimanche avoir un plan susceptible d'être accepté par la communauté internationale afin de mettre fin au conflit en Syrie, où l'armée intensifie ses opérations pour chasser les rebelles de leurs bastions à Homs.

Alors que les violences font chaque jour plus d'une centaine de morts, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe a dit avoir «parlé de ce plan avec la Russie et la Syrie», où il s'est rendu durant la semaine.

À l'issue d'une rencontre au Caire avec le chef de la Ligue Nabil al-Arabie, M. Brahimi a assuré que sa proposition pouvait «être adoptée par la communauté internationale».

Moscou a bloqué, avec Pékin, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime de Damas, mais s'est récemment distancié de son allié, envisageant désormais, selon les experts, une Syrie sans son président Bachar al-Assad.

Et selon les agences russes, trois navires russes doivent prochainement rejoindre Tartous, où la Russie dispose d'une base navale, en vue d'une possible évacuation de ses ressortissants.

Le plan de M. Brahimi consiste en «une solution politique basée sur la déclaration de Genève prévoyant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement avec des prérogatives entières et un plan pour des élections soit présidentielles soit parlementaires», a détaillé l'émissaire international.

Tout en estimant que les Syriens pourraient opter pour un changement de système politique en remplaçant le régime présidentiel actuel par un régime parlementaire, M. Brahimi ne se prononce pas sur le sort du chef d'État contesté depuis près de deux ans.

Le plan adopté le 30 juin à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie prévoyait de former un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs, mais n'évoquait pas le départ de M. Assad, condition sine qua non posée par l'opposition pour tout «dialogue national» après plus de 21 mois de violences ayant coûté la vie à plus de 45 000 personnes selon une ONG.

La Coalition de l'opposition vient d'ailleurs de refuser une invitation de Moscou pour ces discussions auquel invite l'accord de Genève, exigeant des excuses de la Russie pour son «ingérence» en Syrie et les «massacres» commis contre le peuple «avec des armes russes».

«Massacre» à Homs

La situation en Syrie «est très mauvaise et se détériore chaque jour», a mis en garde M. Brahimi, ajoutant qu'à défaut de solution politique, le pays risquait la «somalisation».

Sur le terrain, l'armée concentrait ses opérations sur Homs, dont la vieille ville est assiégée depuis plus de six mois par les troupes et en proie de ce fait à une grave crise humanitaire après avoir pris samedi le quartier de Deir Baalbeh, au prix de dizaines de victimes selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée bombardait dimanche deux autres quartiers et semblait déterminée à chasser les rebelles de cette ville, la troisième de Syrie et son ancien coeur industriel.

Surnommée la «capitale de la révolution», Homs se trouve sur l'axe reliant le sud de la Syrie au pays alaouite sur la côte en passant par Damas, une zone que, selon des experts, le régime veut à tout prix conserver pour se ménager un repli et conserver une légitimité lorsque viendra le temps des négociations.

La Coalition de l'opposition a dénoncé «le massacre de 220 victimes, dont des femmes et des enfants» à Deir Baalbeh, un chiffre que l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et sources médicales civiles et militaires à travers le pays, a démenti.

L'ONG a évoqué des dizaines de victimes, dont de nombreux civils, mais a affirmé ne pas être en mesure de fournir de bilan plus précis en raison de problèmes de communications dans la zone.

Dans le nord-ouest du pays, les insurgés, en majorité des jihadistes, ont progressé autour du camp militaire de Hamidiyeh, à 2 km au sud de Wadi Deif, l'une des dernières bases militaires encore aux mains de l'armée dans le secteur.

Selon un bilan provisoire de l'OSDH, les violences ont fait au moins 100 morts dimanche à travers le pays, dont 43 civils.