Les États-Unis ont reconnu mardi la Coalition de l'opposition syrienne mais inscrit les rebelles du Front Al-Nosra sur leur liste terroriste, tandis que 125 à 150 personnes ont été tuées dans un quartier alaouite, minorité dont est issue le président Bachar al-Assad.

Après la France, premier pays à reconnaître formellement la Coalition, le Royaume-uni, la Turquie et le Conseil de coopération du Golfe, le président américain Barack Obama a annoncé mardi que les États-Unis reconnaissaient à leur tour la Coalition comme «représentante légitime» des Syriens.

«Nous avons décidé que la Coalition de l'opposition syrienne rassemblait désormais suffisamment (de groupes), reflétait et représentait suffisamment la population syrienne, pour que nous la considérions comme la représentante légitime des Syriens», a déclaré M. Obama sur la chaîne de télévision américaine ABC.

Malgré la reconnaissance de la Coalition, les États-Unis n'ont pas l'intention de lui fournir des armes, ont toutefois indiqué des responsables de l'administration Obama.

Le même jour en Syrie, «entre 125 et 150 personnes ont été tuées ou blessées dans des tirs et des explosions à Aqrab», un quartier alaouite du centre du pays, a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui avait précédemment évoqué des attentats.

«Nous appelons les Nations unies à mettre en place une commission indépendante de juristes qui pourront enquêter sur ces violences», a-t-il lancé, expliquant que les militants sur place donnaient plusieurs versions des événements, certaines contradictoires et d'autres se recoupant.

Sur une vidéo mise en ligne, un militant interroge deux adolescents blessés et visiblement choqués. «Des hommes armés se sont servis des civils comme bouclier humain, les menaçant de faire exploser des bonbonnes de gaz», affirme le militant, reprenant les paroles d'un des deux adolescents.

Un demi-million de réfugiés

Aqrab se trouve dans la province de Hama, près de Houla, où 108 personnes avait été massacrées le 25 mai. L'ONU avait alors évoqué de «forts soupçons» à l'encontre des milices pro-gouvernementales «chabbiha» et avait condamné le régime.

Au lendemain de la prise --par les rebelles d'Al-Nosra-- de la base Cheikh Souleimane, l'une des dernières places fortes de l'armée dans le nord-ouest syrien, au détriment de l'Armée syrienne libre (ASL), tenue à l'écart des combats, Washington a pris des sanctions contre le mouvement, et contre les milices pro-régime.

Les États-Unis ont inscrit le Front Al-Nosra, émanation selon eux d'Al Qaïda en Irak, sur leur liste des organisations terroristes étrangères et ont gelé les avoirs de deux de ses chefs, l'Irakien Maysar Ali Moussa Abdallah al-Joubouri et le Syrien Anas Hassan Khatab.

Sur les forums internet jihadistes, plusieurs groupes avaient déjà félicité Al-Nosra pour cette inscription.

Al-Nosra, inconnu avant le début de la révolte syrienne en mars 2011, a connu une ascension fulgurante, revendiquant la plupart des attentats suicide menés dans le pays et s'imposant sur la quasi-totalité des fronts.

Mardi, soldats et rebelles s'affrontaient, toujours dans le nord, autour d'une des plus importantes académies militaires du pays abritant environ 3000 soldats, selon l'OSDH.

À travers le pays, les violences ont fait mardi au moins 79 morts, selon un bilan provisoire de l'OSDH qui ne prend pas en compte les victimes d'Aqrab. En près de 21 mois de crise, l'OSDH a recensé plus de 42 000 morts.

Dans ce contexte, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés a annoncé que le nombre de réfugiés syriens enregistrés dans les pays frontaliers et en Afrique du Nord avait dépassé le demi-million.

Après avoir multiplié les mises en garde sur une éventuelle utilisation d'armes chimiques par Damas, les États-Unis sont revenus sur leur estimation du risque, assurant qu'aucune nouvelle mesure n'indiquait la volonté des autorités de recourir à leur arsenal chimique.

La France a affirmé savoir où étaient stockées ces armes et déclaré que les troupes régulières les protégeaient. Le Canada s'est dit «inquiet» car des «actions récentes du régime» indiquaient que l'armée se préparait «à les utiliser».

Al-Watan, quotidien proche du pouvoir à Damas, a dénoncé l'installation par l'Otan de missiles Patriot en Turquie, y voyant un prélude à «une intervention militaire» étrangère, même si Paris a réaffirmé ne pas avoir cette intention.