Sept personnes ont été tuées lundi dans des  combats d'une extrême violence, qui se poursuivaient dans la soirée, à Rass al-Aïn, à majorité kurde, dans le nord-est de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Six rebelles ont été tués dans des combats avec les combattants kurdes et un chef de l'administration locale kurde Abed Khalil a péri sous les balles d'un franc-tireur rebelle», a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

Ces responsables locaux ont été élus par la population après le départ des autorités gouvernementales des régions à majorité kurde.

Les accrochages ont suivi une manifestation kurde demandant aux rebelles non originaires de la ville de partir. Ces derniers ont refusé et ont attaqué des combattants kurdes présents à un barrage. Les affrontements ont fait neuf blessés de part et d'autre, selon l'OSDH.

Les combattants kurdes appartiennent au Comité de protection du peuple kurde (YPG), bras armé du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (rebelles kurdes en Turquie). Ils sont accusés par les rebelles de faire le jeu du régime.

Selon le chef de l'OSDH, la majorité des rebelles appartient au groupe islamiste «Ghouraba al-Cham».

«Nous ne cherchons pas l'affrontement avec l'Armée syrienne libre (ASL) mais ceux qui ont provoqué les incidents d'aujourd'hui à Rass al-Aïn, reçoivent leurs ordres de la Turquie», a affirmé à l'AFP Saleh Muslim, chef du PYD et un des dirigeants de l'opposition intérieure regroupée au sein du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND).

«Ils sont rentrés par la Turquie car ce pays cherche à déstabiliser les régions kurdes», où se sont réfugiés des «milliers de déplacés», a-t-il ajouté, joint par téléphone à Londres où il effectue une visite.

Le nord et le nord-est de la Syrie abritent la plupart des deux millions de Kurdes du pays, dont les milices sont indépendantes et parfois hostiles à  l'ASL.

Ailleurs dans le pays, le sous-préfet du district de Nabak, au nord de Damas, a été abattu dans la ville du même nom, selon l'OSDH. Le général Abdallah Darawi a été tué par des rebelles, de même que quatre policiers qui l'accompagnaient. Ce district est contrôlé par l'armée mais les accrochages sont nombreux avec l'ASL.

L'agence officielle Sana, citant une source policière, a indiqué que des «terroristes ont ouvert le feu sur le général et ses hommes, alors que l'officier supérieur se rendait de chez lui à son bureau».

Dans la région d'Alep (nord), la base 46 est totalement tombée aux mains des rebelles dimanche soir, selon une source militaire. «L'attaque a été d'une très grande ampleur. Ils ont utilisé des chars et tiré des mortiers et des missiles ce qui a obligé l'armée à se retirer progressivement», a indiqué cette source.

Le camp, qui s'étend sur 12 km2 est situé à l'ouest d'Alep, était assiégé depuis deux mois.

Des bombardements ont par ailleurs visé la capitale et sa région, faisant notamment sept morts, dont deux femmes, dans le district de Douma (nord-est). A Damas, un passager a été tué et 14 autres blessés, dont des femmes, par l'explosion d'une bombe magnétique attachée à un minibus, selon Sana.

Dans la région côtière de Lattaquié (ouest), des combats se sont concentrés autour d'un poste-frontière avec la Turquie, dans le village de Kesseb que les rebelles veulent prendre aux forces régulières, a indiqué l'OSDH.

Les violences ont fait lundi au moins 50 morts -- 16 civils, 9 soldats et 25 rebelles --, selon un bilan provisoire de cette organisation basée au Royaume-Uni, qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales.