Le président français François Hollande a annoncé samedi que la France allait accueillir à Paris un «ambassadeur» de la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne, qui a affirmé de son côté vouloir vite former un «gouvernement de technocrates» incluant «toutes les composantes» de la Syrie.

Sur le terrain, des chasseurs-bombardiers de l'armée syrienne ont de nouveau effectué des raids aériens sur les provinces d'Idleb (nord-ouest), d'Alep (nord) et de Damas, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans l'est, après une bataille de plusieurs semaines, les rebelles ont pris le contrôle de l'aéroport Hamdane à Boukamal, près de la frontière irakienne, a ajouté l'OSDH. Cet aéroport civil était devenu une base pour les hélicoptères de l'armée.

Reçu à Paris avec les honneurs, Ahmad Moaz al-Khatib, nouveau chef de la Coalition de l'opposition syrienne créée il y a une semaine, s'est engagé au cours d'un entretien de plus d'une heure à ce qu'un futur gouvernement comprenne «toutes les composantes de la Syrie», notamment des «chrétiens et alaouites», selon François Hollande.

La formation d'un gouvernement de transition ne représente aucun obstacle, a assuré devant la presse Ahmad Moaz al-Khatib. «Il n'y a pas de problème. La Coalition existe et nous allons lancer un appel à candidatures pour former un gouvernement de technocrates qui travaillera jusqu'à la chute du régime».

«Nous avons le souci du peuple syrien dans toutes ses composantes, dans toute sa diversité», alors que depuis «50 ans» le régime «a oeuvré à dresser les Syriens les uns contre les autres», a ajouté le chef de l'opposition.

«Ambassadeur» alaouite

Après avoir été le premier pays occidental à reconnaître la Coalition en tant que «seul» représentant du peuple syrien, la France va accueillir à Paris un «ambassadeur» issu de la Coalition, a annoncé François Hollande.

Ce diplomate parfaitement francophone, Monzir Makhous, membre de la délégation syrienne reçue à l'Élysée, est l'«une des premières personnalités à avoir parlé de liberté en Syrie», a relevé Ahmad Moaz al-Khatib. «À l'origine, il appartient à la communauté alaouite, mais, avant tout, c'est un homme libre qui a toujours travaillé pour le peuple syrien. C'est quelqu'un d'extrêmement compétent qui a quatre doctorats», a-t-il ajouté.

Jusqu'à présent, la Coalition syrienne n'a été reconnue en tant que seul représentant légitime du peuple syrien que par la France, les monarchies du Golfe et la Turquie.

À propos des réticences des alliés occidentaux de Paris à suivre le choix français, François Hollande a indiqué que «le travail de conviction auprès des pays européens et de l'Union européenne» allait continuer. «De nombreux pays vont rejoindre la position qui a été celle de la France», a-t-il prédit.

Ahmad Moaz al-Khatib a salué «la position extrêmement courageuse» de Paris qui «a ouvert la porte à la communauté internationale pour continuer à soutenir davantage le peuple syrien».

La Grande-Bretagne a indiqué vendredi qu'elle pourrait se prononcer dans «les jours prochains» sur la reconnaissance de la Coalition.

Discussions européennes sur les armes

Une réunion des chefs de la diplomatie de l'Union européenne est prévue pour lundi à Bruxelles. La question de l'embargo européen sur les armes, qui interdit d'en livrer à l'opposition, devrait y être abordée à l'initiative de Paris qui souhaite une exception pour un armement «défensif» destiné aux zones libérées par l'opposition.

«Je ne veux pas dissimuler l'importance de cette question, à la fois le besoin qu'ont les Syriens de disposer de moyens militaires, mais aussi le contrôle que la communauté internationale doit assurer», a déclaré François Hollande. «Cette discussion aura lieu au sein de l'Union européenne», a-t-il précisé.

Une aide militaire «ne peut se faire que dans le cadre de la communauté internationale pour la protection des populations civiles». «Dès lors qu'il y aura un gouvernement alternatif qui pourra lui-même délimiter ses zones, il en appellera à ce soutien et à cette protection», a-t-il précisé.

Au total, au moins 66 personnes, dont 41 civils, ont péri samedi en Syrie, d'après un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui a recensé plus de 39 000 morts depuis le début du conflit il y a 20 mois.

L'OSDH, dont le siège est au Royaume-Uni, s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales dans les hôpitaux civils et militaires de Syrie.