La nouvelle coalition de l'opposition syrienne, reconnue par les pays du Golfe et soutenue par la Ligue arabe, a réclamé des armes pour aider les rebelles qui combattaient mardi les troupes du régime de Bachar al-Assad à Damas et dans sa région.

Après 20 mois de conflit sanglant, le chef de la coalition, Ahmad Moaz al-Khatib, a demandé à la communauté internationale des «armes appropriées» pour que la rébellion puisse «mettre fin à la souffrance des Syriens et à l'effusion de sang».

Ahmad Moaz al-Khatib s'exprimait au Caire, où l'Union européenne, réunie avec la Ligue arabe, a salué la formation de la nouvelle coalition.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a rappelé que les pays européens étaient liés par un embargo sur les armes à destination de la Syrie, a appelé la communauté internationale à reconnaître la coalition, sans toutefois évoquer une telle reconnaissance par Paris.

Au lendemain de la formation à Doha de cette entité, qui doit à terme nommer un gouvernement provisoire, seules les monarchies du Golfe, fervent soutien de la rébellion, l'ont formellement reconnue comme «représentant légitime du peuple syrien», la Ligue arabe se contentant de la qualifier de «principale interlocutrice».

Cette reconnaissance prudente vise à satisfaire tous ses membres, dont certains soutiennent l'opposition à Bachar al-Assad, tel le Qatar, parrain des discussions à Doha qui arme et finance les rebelles, tandis que d'autres, tels l'Irak et l'Algérie, ont exprimé des réserves sur cette reconnaissance.

Alors que plusieurs composantes de l'opposition, jusqu'ici réticentes à rejoindre les rangs du Conseil national syrien (CNS), ont rejoint la coalition, la Ligue a appelé les derniers opposants hors de cette entité à leur emboîter le pas.

«Que des paroles»

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a dit vouloir attendre de voir l'étendue de la représentativité de la coalition avant d'aller vers une reconnaissance.

Sans surprise, Washington qui a multiplié les appels à l'union de l'opposition, lui a promis son soutien, tandis que Moscou, grand allié de Damas, réitérait son appel au dialogue avec M. Assad, option déjà rejetée par les opposants qui exigent le départ du chef d'État.

Les chefs de la diplomatie russe et du Golfe s'entretiendront d'ailleurs mercredi à Riyad de la transition politique en Syrie.

D'autres ont aussitôt exhorté la coalition à agir. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a pointé le danger d'un débordement du conflit. Et Human Rights Watch et Amnesty International l'ont appelée à lutter contre les exactions commises par les rebelles, des vidéos d'exécutions sommaires de soldats ayant récemment déclenché des condamnations internationales.

Rallier les rebelles sur le terrain est d'ailleurs l'un des principaux défis de la nouvelle alliance. Dans le nord syrien, Ahmed al-Ahmad, policier déserteur, a estimé que ce n'était «que des paroles».

«Nous n'avons plus besoin de leur soutien parce que pendant deux ans nous avons été bombardés et tués (...) par des chars (...) sans que personne ne nous soutienne», a-t-il dit à l'AFP.

La région de Damas au coeur des combats

Sur le terrain, de nouveaux combats entre soldats et rebelles ensanglantaient Damas et sa proche banlieue, pilonnée par l'artillerie du régime, où une quarantaine de personnes, pour moitié des civils, ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La télévision d'État a rapporté que l'armée avait tué de nombreux «terroristes», terme par lequel Damas désigne les rebelles, dans plusieurs banlieues de la capitale.

D'autres affrontements et des raids aériens ont frappé Rass al-Aïn, dans le nord-est kurde, où les insurgés ont récemment pris un poste-frontière avec la Turquie, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies a évacué son personnel opérant dans cette région, jusque-là considérée comme sûre.

Selon un bilan provisoire de l'ONG, 63 personnes, dont 29 civils ont péri mardi en Syrie, en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire devenue conflit armé qui a fait plus de 37 000 morts, selon l'OSDH et 2,5 millions de déplacés, selon le Croissant rouge syrien.