Les formations de l'opposition syrienne réunies à Doha sont parvenues dimanche à l'aube à un accord de principe pour constituer une coalition face au régime du président Bachar al-Assad, quelques heures après un double attentat qui a tué samedi 20 soldats dans le sud de la Syrie en proie à la guerre.

«Nous nous sommes entendus sur les points essentiels de la formation de la Coalition nationale syrienne pour les forces de l'opposition et de la révolution, et nous poursuivrons dimanche les discussions sur les détails», a déclaré à l'AFP l'opposante Souheir Atassi à l'issue d'une réunion marathon de douze heures.

En Syrie, les combats entre rebelles et soldats et les bombardements faisaient rage, en particulier dans la province de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires.

Les violences ont fait au moins 101 morts à travers la Syrie - 41 soldats, 34 civils et 26 rebelles -, selon un bilan provisoire de l'OSDH, alors que la révolte populaire lancée en mars 2011 s'est transformée en guerre civile.

À Deraa (sud), 20 soldats ont péri dans l'explosion à quelques minutes d'intervalle de deux voitures piégées conduites par des kamikazes dans l'enceinte d'un club d'officiers, a rapporté l'OSDH. L'attaque n'a pas été revendiquée.

Dans la province de Damas, l'armée a lancé un assaut sur la ville de Daraya et bombardait d'autres localités dans la soirée. À Damas même, plusieurs bombes ont explosé selon l'OSDH, et une roquette a visé un quartier chrétien, blessant deux jeunes filles, selon la télévision officielle.

Dans le nord-est syrien, le régime perdait de plus en plus de terrain avec la prise par les combattants kurdes de trois villes proches de la frontière turque -Derbassiyé, Tal Tamer, Amouda-, selon l'OSDH et des militants.

Premier navire attaqué

Néanmoins, dans le nord-ouest, l'armée a récupéré une portion de l'autoroute stratégique reliant Damas à Alep, la grande métropole du Nord, mais sans parvenir pour l'instant à reprendre la ville de Maaret Al-Noomane qui la commande et autour de laquelle des combats se poursuivent, a rapporté l'OSDH.

Dans la ville d'Alep, plusieurs quartiers étaient touchés par des combats et d'autres soumis à un pilonnage, selon la même source.

Dans le nord-ouest, l'agence officielle Sana a fait état de la destruction par l'armée d'un navire transportant des rebelles sur l'Euphrate. C'est la première fois que les médias officiels évoquent un incident sur ce fleuve qui passe par les villes de Deir Ezzor, Raqqa et Bou Kamal, théâtres de combats.

Signe que les violences empirent, 11 000 Syriens ont fui le pays en 24 heures, dont 9000 pour la Turquie, un chiffre record, a indiqué vendredi le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Dans une interview a une télévision russe diffusée cette semaine, M. Assad s'est montré inflexible et a exclu de quitter le pouvoir ou le pays. Il a réaffirmé mener une «guerre contre le terrorisme» qui risque d'être «longue».

M. Assad, dont le mandat prend fin en 2014, a assuré que les urnes diraient «très simplement» s'il devait «rester ou partir».

Le conflit a été déclenché le 15 mars 2011 par la répression par le régime d'un mouvement de contestation populaire qui s'est militarisé au fil des mois, et aucune issue n'est en vue malgré la dévastation et la mort, selon l'OSDH, de plus de 37 000 personnes.

Accord de principe à Doha

À Doha, après d'intenses pressions arabes et occidentales sur le Conseil national syrien qui bloquaient tout accord, les formations de l'opposition syrienne sont finalement parvenues à un accord de principe après plusieurs jours de discussions.

«Nous étions sur le point de signer (l'accord), mais nous avons préféré nous donner le temps d'étudier les statuts internes à la demande de certaines parties», a pour sa part déclaré l'ancien député Riad Seif.

Les participants doivent se retrouver dimanche à 07H00 GMT et une cérémonie officielle de signature sera organisée s'ils finalisent l'accord.

Le CNS, principale coalition de l'opposition, bloquait l'adoption de ce projet qui vise à fédérer l'opposition en une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides, de crainte de se voir marginalisé.

Mais il a été soumis samedi à d'intenses pressions du Qatar, des Émirats Arabes Unis et des États-Unis.

Le plan prévoit la formation d'une instance politique unifiée d'une soixantaine de membres représentant les différents groupes de l'opposition, dont ceux animant le soulèvement de l'intérieur et les formations militaires.

Cette instance devra à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême et un organe judiciaire.