Le président Bachar al-Assad, inflexible après 20 mois d'un conflit dévastateur, a exclu tout départ du pouvoir en disant vouloir «vivre et mourir» en Syrie dans des déclarations diffusées jeudi.        

Devant l'escalade sur plusieurs fronts des violents combats entre les forces fidèles au régime et les rebelles, le Comité international de la Croix-Rouge internationale (CICR) a admis ne pas parvenir à faire face à l'aggravation de la situation humanitaire qui en résulte.

«Je ne suis pas une marionnette (...) Je suis syrien et je dois donc vivre et mourir en Syrie», a déclaré M. Assad à télévision russe Russia Today qui en a diffusé des extraits.

L'Occident, la Turquie et de nombreux pays arabes appellent depuis des mois au départ de M. Assad afin de mettre fin à la guerre qui a fait plus de 37 000 morts selon une ONG syrienne et poussé à la fuite des centaines de milliers de personnes depuis le 15 mars 2011.

Mardi, le premier ministre britannique David Cameron s'est dit favorable à une sortie sécurisée de M. Assad si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, alors que l'opposition syrienne écarte tout dialogue politique avant un départ du président.

À l'inverse, les alliés iranien, russe et chinois de M. Assad rejettent toute ingérence en Syrie et soutiennent un règlement entre Syriens.

Même si une intervention étrangère n'est pas envisagée, malgré les appels de l'opposition en ce sens, M. Assad a averti qu'elle entraînerait «un effet domino» qui affecterait «le monde de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique».

Violences sans répit

Présentant son pays comme le «dernier bastion de la laïcité, de la stabilité et de la coexistence dans la région», il a estimé que «le coût d'une invasion étrangère en Syrie, si elle avait lieu, serait tel que le monde entier ne sera pas en mesure de l'assumer».

«Je ne pense pas que l'Occident aille dans cette direction, mais s'il le fait, personne ne peut prédire ce qui se passera après», a encore averti le président syrien arrivé au pouvoir en 2000, succédant à son père Hafez al-Assad décédé.

Les déclarations de M. Assad sont rares depuis le début du conflit déclenché par la répression brutale d'un mouvement de contestation pacifique réclamant des réformes démocratiques dans le pays gouverné d'une main de fer par le clan Assad depuis quatre décennies.

Face à la répression, la contestation s'est militarisée, des civils rejoignant les rangs de la rébellion aux côtés de déserteurs. Les rebelles sont désormais épaulés par des extrémistes sunnites pour certains venus de l'étranger combattre le régime issu de la minorité alaouite, une branche de l'islam chiite.

Le régime accuse les rebelles d'être des «terroristes à la solde de l'étranger», M. Assad ayant maintes fois dit vouloir en finir avec eux à n'importe quel prix.

Mettant à profit son principal atout, l'aviation, le régime a poursuivi ses raids, larguant des bombes sur Alep (nord), selon des habitants.

À Damas, où les attaques se sont multipliées notamment contre les zones alaouites, plusieurs roquettes sont tombées et des combats avaient lieu dans le quartier de Mazzé, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Opposition et Occidentaux à Doha

«Je n'en peux plus. Chaque trajet est un calvaire, car, il y a sept points de contrôle et sur le chemin, je risque d'être tuée ou enlevée contre une rançon ou pour des motifs confessionnels», dit Amira, cadre dans un ministère à Damas.

Selon un bilan provisoire de l'OSDH, au moins 46 personnes ont péri jeudi, alors que les violences font des dizaines de morts chaque jour.

Devant l'escalade, le président du CICR, Peter Maurer, a déclaré que son organisation ne pouvait «pas développer (ses) opérations suffisamment vites face à l'aggravation de la situation humanitaire». «Les combats se développent et il y a donc plus de blessés, plus de situations de crise. Il y a beaucoup de points blancs où aucune aide ne parvient», a-t-il dit en citant Alep.

Plusieurs bastions rebelles, notamment Homs (centre), sont assiégés depuis des mois et les militants affirment que la situation humanitaire y est intenable.

Le conflit a en outre débordé par moments dans les pays voisins.

En Turquie, le président turc Abdullah Gül a dit que son pays se réservait le droit de se doter de tout type d'armes afin d'assurer sa défense face à la menace syrienne, Ankara discutant avec l'OTAN d'un éventuel déploiement de batteries de missiles sol-air et antimissiles Patriot sur son sol.

Enfin, une réunion visant à fédérer les différentes formations de l'opposition syrienne s'est ouverte à Doha, sous l'égide de la Ligue arabe et en présence de représentants des pays occidentaux et de Turquie.

Outre les représentants du Conseil national syrien (CNS), qui ont renouvelé leurs instances, le premier ministre ayant fait défection Riad Hijab était présent à la réunion, de même que d'autres personnalités de l'opposition.

Le CNS doit annoncer le choix de son nouveau chef vendredi.