Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU négociaient jeudi un projet de résolution sur la Syrie, mais les pourparlers risquaient de tourner au bras de fer entre les États-Unis et la Russie.

La Russie refuse de sanctionner son allié syrien s'il ne cesse pas ses attaques à l'arme lourde contre l'opposition, comme le prévoit un projet de résolution occidental. Les États-Unis menacent de leur côté de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilise pas les sanctions comme moyen de pression sur le président Bachar al-Assad, selon des diplomates.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, «a été tout à fait claire là-dessus devant le Conseil», lors d'une réunion mercredi à laquelle participait le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, a déclaré un diplomate. «Il est scandaleux de laisser les observateurs à découvert sans aucun soutien du Conseil», a estimé un autre diplomate.

Les quelque 300 observateurs ont été déployés à la mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu jamais appliqué et ils ont dû suspendre leurs patrouilles en raison de la poursuite des combats.

Dès la création de la Misnus, Mme Rice avait averti que les États-Unis n'étaient pas sûrs de renouveler le mandat de la Mission, qui expire le 20 juillet.

Après une réunion des ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil (États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie), le représentant adjoint de la Russie, Igor Pankine, a averti que les sanctions étaient «une ligne rouge» à ne pas franchir.

À Moscou, le vice-ministre des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a jugé «inacceptable» la résolution occidentale, car elle ne fixe pas «d'obligations» à l'opposition syrienne.

Dans leur texte, Européens et Américains donnent dix jours à Damas pour retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques.

La Russie, alliée au régime syrien depuis l'époque soviétique, a déjà mis par deux fois son veto à des résolutions brandissant la menace de sanctions contre Damas.

Le texte proposé par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne prolonge aussi pour 45 jours la Mission des observateurs.

La Russie avait proposé mardi une résolution rivale qui renouvelle aussi ce mandat, mais n'évoque pas de sanctions.

Les 15 membres du Conseil ont jusqu'au 20 juillet pour s'entendre sur une nouvelle résolution. Les deux textes rivaux doivent être examinés jeudi après-midi par l'ensemble des ambassadeurs des 15 pays.

En tournée en Asie, la secrétaire d'État Hillary Clinton a souligné jeudi que la résolution devait prévoir des «conséquences réelles» pour la Syrie si elle ne se «conformait pas à ses obligations».

«Nous voulons une seule résolution qui non seulement adopte le plan du Groupe d'action de Genève (du 30 juin), mais qui impose aussi, comme l'a réclamé Kofi Annan, des conséquences réelles» pour la Syrie, a expliqué à Washington le porte-parole du département d'État, Patrick Ventrell.

Mercredi, Mme Rice avait lié le renouvellement de la Misnus à l'intensification des pressions contre le régime syrien.

«Si le Conseil ne prend pas des mesures concrètes pour accroître la pression (sur Damas), avait-elle insisté, on ne peut pas espérer que la Misnus sera davantage capable de remplir son mandat qu'elle ne l'est aujourd'hui».

«Un simple renouvellement du mandat de la Misnus sans que le Conseil se déclare clairement prêt à mettre tout son poids politique en soutien aux observateurs et au plan Annan est insuffisant», avait-elle ajouté.