L'un des jeunes Libyens qui ont capturé le dictateur Mouammar Kadhafi l'an dernier a succombé mardi aux blessures qu'il a subies après avoir été enlevé et torturé par des partisans de l'ancien régime, ont annoncé ses proches.

La mort d'Omran Shaaban, qui était hospitalisé en France, illustre la violence et l'instabilité qui persistent en Libye, près d'un an après la mort de Mouammar Kadhafi.

Le jeune homme était considéré comme un héros par les nouvelles autorités libyennes, mais sa famille affirme qu'il n'a jamais reçu la récompense d'un million de dinars libyens (800 000 $ US) qui lui avait été promise pour avoir capturé Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011 dans la ville de Syrte. Le dictateur a été tué plus tard ce jour-là par des combattants révolutionnaires.

Le gouvernement libyen a indiqué mardi qu'il honorerait Omran Shaaban avec des funérailles appropriées pour un héros. Le corps du jeune homme a été accueilli par plus de 10 000 personnes dans sa ville natale de Misrata, dans le nord-ouest du pays, dans le cadre d'une procession vers le stade national pour des prières de circonstance.

Les photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent un cercueil de bois recouvert d'un panneau de verre, qui laisse entrevoir le visage d'Omran Shaaban.

À Tripoli, la capitale, des centaines de manifestants se sont réunis mardi pour réclamer que le gouvernement venge la mort du jeune héros.

Selon ses proches, Omran Shaaban et trois amis étaient en route vers leur résidence de Misrata en juillet quand ils ont été attaqués par des hommes armés près de la ville de Bani Walid.

Omran Shaaban a été atteint par deux balles et a été paralysé à partir de la taille, d'après ses proches. Le jeune homme et ses amis ont ensuite été enlevés par des miliciens de Bani Walid, une ville d'environ 100 000 habitants qui reste un bastion des fidèles de Kadhafi.

Le président libyen, Mohammed el-Megarif, s'est rendu à Bani Walid ce mois-ci et a négocié la libération d'Omran Shaaban et de deux de ses amis. Le quatrième est toujours détenu.

Quand il est revenu chez lui, Omran Shaaban était frêle, paralysé et à moitié inconscient, selon son frère, Abdullah.

«C'était évident qu'il avait été battu à répétition», a-t-il raconté. «Son torse en entier avait été coupé avec des lames de rasoir. Son visage avait changé. Il n'était plus le frère que j'avais connu».

Le président libyen a diffusé mardi un communiqué dans lequel il promet que les responsables des violences contre le jeune homme seront punis.