Le fils du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi, soupçonné de crimes contre l'humanité, a été «agressé physiquement» en détention à Zenten, 180 km au sud de Tripoli, a-t-on appris jeudi auprès du bureau de la défense de la Cour pénale internationale.

«M. Kadhafi a été agressé physiquement», a déclaré à l'AFP Xavier-Jean Keïta, conseil principal au «Bureau du conseil public pour la Défense» (OPCD) de la CPI, chargé notamment de garantir les droits de la défense: «il souffre en outre d'importants maux de dents dus à l'absence de soins dentaires».

«Il a été totalement mis en isolement, et n'a pu recevoir que des visites d'officiels libyens et des autorités libyennes (chargées des) poursuites», a ajouté la même source, selon laquelle l'OPCD, chargé par la CPI d'assister Saïf al-Islam, n'a pu le rencontrer qu'une seule fois.

L'OPCD a d'ailleurs demandé aux juges de la CPI d'ordonner au Greffe de prendre les dispositions nécessaires, avec les autorités libyennes, pour qu'une seconde rencontre soit organisée.

La Cour avait demandé mercredi à la Libye, pour la deuxième fois, de lui remettre immédiatement Saïf al-Islam. Les juges de la Cour avaient précédemment rejeté une première requête de la Libye demandant le report du transfert de Saïf al-Islam afin qu'il puisse être jugé à Tripoli.

La CPI avait lancé le 27 juin un mandat d'arrêt contre Saïf al-Islam, 39 ans, arrêté le 19 novembre dans le sud de la Libye.

Détenu depuis à Zenten, il est soupçonné de crimes contre l'humanité commis depuis le 15 février lors de la répression de la révolte populaire, qui s'est transformée en guerre civile.

Saïf al-Islam n'a en outre pas eu «l'opportunité de choisir librement ou de communiquer avec un avocat de son choix», a soutenu M. Keïta.

«Saïf al-Islam Kadhafi est détenu par les autorités libyennes depuis 139 jours, sans d'une part avoir été présenté devant un juge, sans avoir eu la possibilité et les moyens de communiquer avec sa famille et ses amis, ni de recevoir leur visite», a affirmé la même source.

Les autorités libyennes ont «induit en erreur» Saïf al-Islam sur la nature des enquêtes menées contre lui en Libye, a poursuivi le conseil principal.

«En effet, M. Kadhafi a été informé par ces autorités qu'il faisait l'objet d'une enquête fondée sur des allégations mineures, telles que la possession illégale de chameaux et l'exploitation piscicole non autorisée», selon M. Keïta.

Or, les autorités libyennes ont informé la Cour qu'elles souhaitaient enquêter et poursuivre Saïf al-Islam pour des «crimes graves relevant du Statut de Rome», le traité fondateur de la CPI, a souligné la même source.

Le Conseil national de transition (CNT) libyen avait informé la Cour, dans une lettre publiée le 24 novembre 2011, que la Libye souhaitait juger Saïf al-Islam.

«À aucun moment, les autorités libyennes n'ont légalement justifié leur incapacité à remettre M. Kadhafi à la CPI», a soutenu M. Keïta.

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait appelé mercredi les autorités libyennes à garantir à Saïf al-Islam un «accès immédiat» à un avocat, notant que sa détention se déroulait dans de «bonnes conditions».

Soupçonné de crimes contre l'humanité, l'ancien chef des services secrets libyens Abdallah Al-Senoussi, arrêté en Mauritanie le mois dernier, est lui aussi recherché par la CPI.