Les habitants de Misrata votaient lundi pour élire leur conseil local, lors des premières élections organisées en Libye depuis plus de 40 ans.

Les Misratis devraient élire 28 membres du Conseil local, l'équivalent d'un conseil municipal, parmi 242 candidats, a indiqué à l'AFP le président de la Commission électorale de la ville, Mohamed Balrouin.

«C'est un évènement historique. Nous espérons que ces élections seront un exemple à suivre» en Libye, s'est-il félicité.

Selon lui, le scrutin est aussi une «répétition pour les prochaines élections», qui devraient se tenir en juin au niveau national pour élire une Assemblée constituante.

Durant la quarantaine d'années du règne de Mouammar Kadhafi, les élections, considérées comme une «invention de l'Occident», étaient interdites.

À Misrata, 101 486 personnes s'étaient inscrites parmi les 156 000 électeurs potentiels dans cette ville de 280 000 habitants, divisée en 10 circonscriptions, selon M. Balrouin.

À la mi-journée, le taux de participation variait de 30 à 60%, selon la même source.

«Notre objectif était d'avoir un taux de participation supérieur à 30%. Je crois que nous touchons au but», a ajouté M. Balrouin.

Lundi a été déclaré jour férié à Misrata à l'occasion des élections, mais aussi pour commémorer le soulèvement de la ville contre le régime de Mouammar Kadhafi, le 20 février 2011.

«La ville martyre» de la révolution libyenne avait été assiégée durant des mois par les forces pro-Kadhafi.

«Aujourd'hui nous savourons la liberté et la démocratie. Merci Dieu, le sang de nos martyrs n'a pas été versé en vain», se félicite Fatma al-Chaouech, une étudiante de 19 ans, exhibant son doigt maculé de bleu.

Dans les bureaux de vote visités par l'AFP dans le centre de la ville, les électeurs devaient obligatoirement passer par l'isoloir, et, une fois leur bulletin dans l'urne, tremper leur doigt dans de l'encre bleue qui ne s'efface pas avant 24 heures, une mesure destinée à empêcher un électeur de voter plusieurs fois.

«Je ne peux pas décrire notre sensation. C'est indescriptible. La liberté, la démocratie, plus de peur, plus de répression. Je peux voir la fierté dans le regard des femmes qui viennent voter ici», affirme Jamila Touhami, directrice du lycée secondaire des filles de Misrata et responsable du bureau de vote aménagé dans son établissement.

Elle affirme avoir été surprise de la «maturité» des votantes. «La plupart d'entre elles, y compris des illettrées, semblent savoir bien ce qu'elles font. Je crois que la campagne de sensibilisation diffusée par les médias locaux a eu le résultat escompté».

Le dépouillement devrait avoir lieu dès la fermeture des bureaux de vote à 20h (13h, heure de Montréal) et les résultats devraient être annoncés mardi, selon le président de la Commission électorale de la ville.