Le président égyptien par intérim Adly Mansour a promulgué samedi une loi encadrant la présidentielle prévue au printemps, qui exclut tout recours en justice contre les décisions de la commission électorale y compris le résultat du scrutin.

Cette loi va à l'encontre des demandes de Hamdeen Sabbahi, une figure de la gauche et candidat à la présidentielle, et de militants qui réclamaient la possibilité de faire appel le cas échéant des décisions de procédure de la commission ou des résultats de l'élection, pour laquelle le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée et homme fort du pays, est donné largement favori.

Le conseiller juridique de M. Mansour, Ali Awad, a annoncé les dispositions de cette loi encadrant le scrutin présidentiel lors d'une conférence de presse au Caire.

La promulgation de cette loi permet à la commission de fixer une date pour la présidentielle, consécutive à la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, et de convoquer les électeurs, a-t-il expliqué.

Pour être éligible, le maréchal Sissi devra quitter le gouvernement --où il est vice-premier ministre et ministre de la Défense-- et prendre sa retraite ou quitter l'armée.

Selon de hauts responsables, le maréchal Sissi, qui n'est pas encore officiellement candidat, devait quitter le gouvernement peu après la promulgation de la loi électorale.

Après avoir examiné les différents avis sur la possibilité de contester les décisions de la commission électorale, M. Awad a expliqué que la présidence avait finalement opté pour une interdiction vu «la nature de la période de transition qui nécessite une stabilité pour la fonction de président après son élection».

Si des recours sont possibles contre chacune des décisions de la commission électorale, la tenue de l'élection et la proclamation des résultats pourraient prendre «six mois», ce qui retarderait les élections législatives prévues au plus tard le 17 juin, a-t-il poursuivi.

Selon les termes de la loi électorale, le candidat à la présidentielle doit être «égyptien de parents égyptiens. Ni lui, ni ses parents, ni son/sa conjoint/conjointe ne doivent détenir une nationalité étrangère», selon le conseiller présidentiel.

Le candidat doit avoir un diplôme d'université, être âgé d'au moins 40 ans et avoir complété son service militaire. Il doit aussi obtenir le soutien de 25 000 électeurs au sein de 15 gouvernorats.

La loi fixe à 20 millions de livres égyptiennes (2 millions d'euros) le plafond des dépenses de campagne avant le premier tour, avec 5 millions de livres supplémentaires en cas de second tour.

Mardi, le maréchal Sissi a annoncé qu'il ne pouvait «ignorer» les appels du peuple à se présenter à la présidentielle. L'armée a d'ailleurs donné mandat à son chef pour qu'il se présente à la magistrature suprême.

Dès son annonce, l'impossibilité de faire appel des décisions de la commission électorale a été vivement critiquée par un porte-parole du candidat Sabbahi, Emad Hamdy.

Une telle mesure «donne des signaux négatifs concernant la transparence du scrutin», a-t-il dit. «Le président a promulgué le décret sans le soumettre à un débat public et les forces politiques ne l'ont pas encore vu.»

Depuis l'éviction en juillet du premier président élu démocratiquement d'Égypte, l'armée a installé un pouvoir intérimaire qu'elle dirige de facto et a nommé une Constituante dont la nouvelle Loi fondamentale a été adoptée lors d'un référendum aux allures de plébiscite pour la personne de Sissi.

Dans le même temps, les islamistes pro-Morsi sont la cible d'une implacable répression qui a fait, selon Amnesty International, plus de 1400 morts, tandis que les forces de l'ordre étouffent désormais également toute opposition progressiste de la jeunesse.