Le procès du président égyptien destitué Mohamed Morsi pour son évasion de prison début 2011 a été ajourné lundi dans l'attente d'une décision de justice, après que la défense a demandé la récusation des juges.

Le chef d'État islamiste destitué et arrêté par l'armée début juillet est poursuivi dans quatre affaires au total, tandis que ses partisans sont réprimés depuis sept mois dans le sang par le nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée.

«La cour a décidé d'interrompre ses travaux dans cette affaire jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur cette demande de récusation», a indiqué le juge présidant l'audience Chaabane al-Chamy.

Dans ce procès, 131 personnes, dont M. Morsi, doivent répondre de violences et d'évasion de prison à la faveur de la révolte de 2011 avec la complicité présumée du Hamas et du Hezbollah libanais.

Lundi, les avocats de plusieurs accusés ont contesté la composition de la cour et demandé à ce que d'autres juges soient nommés.

Khaled Badaoui, l'un des avocats de la défense, a expliqué que cette demande avait été déposée après qu'un quotidien a diffusé des enregistrements présentés comme des conversations privées entre M. Morsi et l'un des avocats de la défense Sélim al-Awa.

Selon lui, une requête similaire a été déposée pour une autre affaire, dans laquelle M. Morsi est accusé d'«espionnage» et d'avoir fourni des informations classées secret-défense aux Gardiens de la révolution, unité d'élite de l'armée iranienne.

Une cour d'appel examinera la requête dans l'affaire des évasions de prison le 1er mars, a indiqué à l'AFP un autre avocat de la défense Mohamed Abou Leïla. Son confrère Ali Kamal a toutefois ajouté qu'il était «rare qu'une demande de récusation soit acceptée».

Au lendemain du 25 janvier 2011, début de la révolte contre son pouvoir absolu, Hosni Moubarak faisait arrêter les principaux leaders des Frères musulmans dont Morsi, pour éviter la contagion dans la rue. Deux jours plus tard, le 28 janvier, en plein chaos, des dizaines d'assaillants abattaient les murs de leur prison à l'aide de bulldozers et des milliers de détenus s'enfuyaient.

Et depuis sept mois, le nouveau pouvoir mis en place par le très populaire maréchal Abdel Fattah al-Sissi, véritable homme fort du pays et très probable candidat à la présidentielle, mène une implacable répression contre toute manifestation des pro-Morsi. Selon Amnesty International, quelque 1.400 personnes ont été tuées dans des manifestations, des manifestants islamistes pour l'immense majorité.

Dans trois autres procès, M. Morsi et des responsables de son gouvernement ou des Frères musulmans sont accusés d'avoir incité au meurtre de manifestants lorsqu'ils étaient au pouvoir, d'«espionnage» et d'outrage à magistrats. Les deux premiers procès ont débuté mais les audiences sont à chaque fois ajournées au bout de quelques heures.