Le référendum sur la nouvelle Constitution en Égypte se tiendra les 14 et 15 janvier, a annoncé samedi le président égyptien par intérim Adly Mansour dans un discours devant des haut responsables du pays.

«J'appelle à un référendum sur le texte révisé de la Constitution (...) les 14 et 15 janvier», a déclaré le chef d'État par intérim, nommé par l'armée début juillet après la destitution et l'arrestation du président islamiste Mohamed Morsi.

Le 3 juillet, au moment de l'éviction du seul président jamais élu démocratiquement en Égypte et de la suspension de la Constitution, l'armée a promis une «transition démocratique» dont la première étape serait ce référendum sur le texte révisé de la Constitution adoptée en 2012 sous la présidence Morsi. Doivent ensuite suivre à l'été 2014 des élections présidentielles et législatives, dans un ordre qui n'a pas encore été défini.

Le nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée avait nommé une commission constituante qui a rendu début décembre un projet de Loi fondamentale consolidant le pouvoir de la puissante armée et renforçant son poids dans la vie politique du plus peuplé des pays arabes.

Ce texte autorise notamment les tribunaux militaires à juger des civils, ce qui a suscité l'inquiétude des défenseurs des droits de l'Homme et la contestation des mouvements laïques, fer de lance de la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir.

Amnesty International a dénoncé un projet «qui donnerait à l'armée une importante autonomie et suscite l'inquiétude quant au fait de savoir si cette institution pourra être tenue pour responsable» en cas de violations des droits de l'Homme. Selon cette ONG, plus de 12 000 civils ont comparu devant des tribunaux militaires durant les 17 mois d'intérim assuré par une junte militaire entre le départ de M. Moubarak et l'élection de M. Morsi.

M. Mansour a de son côté estimé samedi que ce texte comportait des avancées «en termes de libertés, de droits de l'Homme et d'équilibre des pouvoirs», estimant qu'il était «le point de départ pour construire véritablement les institutions d'un État démocratique moderne».

Amr Chobaki, l'un des 50 membres de la commission constituante, a affirmé à l'AFP que l'Égypte était désormais à «un tournant dont le succès marquera la fin de la période de transition puisqu'il n'y a pour le moment aucune institution élue».

Mohamed Abdek Aziz, l'un des leaders du mouvement «Tamarrod» à l'origine de la mobilisation massive contre M. Morsi, à laquelle l'armée affirmait répondre le 3 juillet, a dit à l'AFP que le référendum sur le projet constitutionnel constituait «un bond important vers la démocratie».

Les autorités ont déjà annoncé qu'elles autorisaient six ONG étrangères à observer le déroulement du référendum. Dans les rues d'Égypte, fleurissent depuis début décembre des panneaux appelant à participer à ce premier scrutin depuis la destitution de M. Morsi.

Alors que plusieurs partis et organisations de la société civile ont déjà appelé à voter en faveur de ce texte, les islamistes sont divisés sur la question. Le parti salafiste Al-Nour, qui a soutenu le coup de force contre M. Morsi et dont un dirigeant siégeait au sein de la commission constituante a ainsi appelé début décembre à voter en faveur du projet, tandis que les Frères musulmans de M. Morsi appelaient à rejeter «un référendum truqué sous la répression militaire».

Depuis le 3 juillet, les partisans de M. Morsi manifestent quasi-quotidiennement, bravant la répression des nouvelles autorités qui a fait à ce jour plus d'un millier de morts et conduit à des milliers d'arrestations.