Un tribunal égyptien a ordonné mardi, deux jours avant la date prévue, la fin de l'état d'urgence imposé mi-août, alors que les forces de sécurité réprimaient dans le sang les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi.

Le gouvernement a annoncé dans un communiqué qu'il respecterait la décision, mais qu'il attendrait une notification officielle avant de l'appliquer.

L'état d'urgence, accompagné d'un couvre-feu nocturne, était censé prendre fin jeudi.

Le président par intérim Adly Mansour avait déclaré l'état d'urgence le 14 août, jour de la dispersion dans le sang de rassemblements de partisans de M. Morsi au Caire.

Ce jour-là et dans la semaine qui a suivi, au moins un millier de personnes avaient été tuées, essentiellement des pro-Morsi.

L'état d'urgence donne de larges pouvoirs aux services de sécurité, mais selon la Constitution par intérim imposée par un décret de M. Mansour, étendre de nouveau l'état d'urgence aurait nécessité un référendum.

Le ministère de l'Intérieur tout comme l'armée ont indiqué qu'ils maintiendraient le couvre-feu nocturne jusqu'à ce qu'ils reçoivent une notification officielle.

Le couvre-feu, progressivement réduit depuis son instauration, est actuellement en place de 23 h GMT à 3 h GMT.

«Les forces armées n'ont pas été notifiées d'une éventuelle décision de justice et feront appliquer le couvre-feu dans les heures définies», a indiqué le porte-parole de l'armée sur sa page Facebook.

L'état d'urgence a été imposé de façon quasi permanente en Égypte depuis des décennies, avant sa levée le 31 mai 2012.

Sa remise en place par M. Mansour était symbolique, a estimé Heba Morayef, responsable de Human Rights Watch en Égypte. «Le ministère de l'Intérieur semble avoir la conviction que les lois répressives ont un effet de dissuasion», a-t-elle dit.

La majorité des quelque 2000 islamistes arrêtés depuis la destitution de M. Morsi par l'armée - dont quasiment tous les dirigeants des Frères musulmans - ne l'ont ainsi pas été en vertu des dispositions prévues par l'état d'urgence, a-t-elle rappelé.

Le président par intérim doit d'ailleurs promulguer bientôt par décret de nouvelles régulations des mouvements de protestation, qui ont déjà suscité de vives réactions de mécontentement même parmi les membres du gouvernement et ses partisans.

L'état d'urgence a permis au gouvernement d'assigner l'ancien président Hosni Moubarak, actuellement jugé pour complicité dans le meurtre de manifestants début 2011, à résidence dans un hôpital militaire du Caire.

M. Moubarak a été libéré de prison en septembre, son temps de détention provisoire ayant atteint la limite légale avant un procès.

Il pourrait être de nouveau incarcéré à la fin de l'état d'urgence, le gouvernement ayant modifié une loi allongeant la durée de détention provisoire.