Le général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort de l'Égypte qui avait destitué le président islamiste Mohamed Morsi il y a trois mois, n'exclut pas de se présenter à la présidentielle prévue en 2014, dans une interview mercredi à un quotidien national.

«La volonté de Dieu en décidera», a-t-il répondu en récitant un verset du Coran quand le journaliste lui a demandé s'il entendait se présenter, alors qu'il avait jusqu'alors semblé décliner les nombreux appels d'Égyptiens, de médias et d'hommes politiques à faire acte de candidature.

Le général Sissi, chef d'état-major de l'armée à 58 ans, avait annoncé lui-même à la télévision, le 3 juillet, la destitution et l'arrestation de M. Morsi, la nomination d'un gouvernement et d'un président intérimaire à qui l'armée confiait une feuille de route prévoyant une refonte de la Constitution et des élections législatives et présidentielles pour début 2014.

«Ce sujet est extrêmement important», a d'abord répondu le général au quotidien indépendant Al-Masri al-Youm à la question de son éventuelle candidature.

«Mais je pense que le moment n'est pas encore venu de poser la question en raison des défis et des dangers auxquels fait face le pays, lesquels exigent que l'on concentre nos efforts sur nos plans pour l'avenir», a-t-il poursuivi, avant un long silence selon le journal. «Ensuite, la volonté de Dieu en décidera», a-t-il ajouté en citant le Coran.

Le général Sissi est vice-premier ministre et ministre de la Défense de ce gouvernement intérimaire, mais en réalité considéré comme le véritable homme fort du pays, adulé par une grande majorité de la population. Son portrait orne depuis juillet la plupart des boutiques et administrations, d'innombrables panneaux et murs dans les rues et de nombreuses chansons chantent ses louanges.

Depuis le 14 août, le gouvernement a lancé une répression implacable des manifestants islamistes qui réclament le retour de M. Morsi, soldats et militaires tuant plus d'un millier d'entre eux en une semaine à partir de cette date.

Parallèlement, les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi qui avait largement remporté les législatives fin 2011, a été systématiquement réprimée elle aussi: plus de 2000 de ses membres ont été arrêtés, dont la quasi-totalité de ses dirigeants, ses activités ont été interdites et ses avoirs gelés.