La justice égyptienne a interdit hier leur mouvement et confisqué leurs biens. Depuis le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée égyptienne en juin dernier, le mouvement islamiste est clairement dans le collimateur des militaires et du gouvernement intérimaire. Mais les problèmes des Égyptiens ne disparaîtront pas pour autant avec la mise à l'écart des Frères musulmans. Quatre mots pour comprendre

Militaires

Le jugement annoncé hier interdit les activités des Frères musulmans et toute organisation qui en dérive. Il fait suite à une autre décision d'un tribunal égyptien qui gelait les avoirs des principaux dirigeants déjà emprisonnés. Une décision qui ne surprend pas Jabeur Fathally, spécialiste du monde arabe à l'Université d'Ottawa. «Les militaires ont décidé d'aller jusqu'au bout. Ce jugement leur permettra probablement d'interdire aussi le Parti de la liberté et de la justice [la formation politique des Frères musulmans].» Ce jugement tient-il la route sur le plan juridique? «Vous savez, tout est relatif en matière de droit quand c'est la loi martiale qui s'applique», a répondu M. Fathally.

Badie

Depuis le renversement du président Morsi, en juin dernier, plus de 2000 partisans des Frères musulmans ont été arrêtés. Les principaux leaders du mouvement islamiste se trouvent aussi derrière les barreaux. Parmi eux, Mohamed Badie, guide suprême des Frères, qui a été arrêté au Caire le 20 août dernier. «Les Frères musulmans sont maintenant très affaiblis, croit Jabeur Fathally. Ils n'ont pas de soutien étranger et une grande partie du peuple égyptien appuie le gouvernement actuel.» Sur Twitter, la confrérie a dénoncé cette décision, qu'elle qualifie de «politiquement motivée».

Morsi

Les Frères musulmans ont promis de «rester toujours présents sur le terrain». Mais dans la réalité, le mouvement est passablement affaibli, surtout depuis les manifestations qui ont fait plus de 1000 morts en août dernier. Dernièrement, les Frères se sont dits prêts à renoncer au retour du président Morsi à son poste, en échange de la libération de ses dirigeants incarcérés. «En mettant ainsi de côté les Frères musulmans, l'Égypte est en train de liquider son passé", estime Samir Saul, professeur d'histoire à l'Université de Montréal.

Économie

Le gouvernement intérimaire dirigé par le premier ministre Hazem el-Beblawi doit rédiger une nouvelle Constitution pour l'Égypte et tenir ensuite des élections générales, prévues en 2014. Un scrutin auquel ne participeront vraisemblablement pas les Frères musulmans. Mais Samir Saul affirme que les vrais problèmes de l'Égypte, ce ne sont pas les Frères musulmans. «Les vrais problèmes sont ailleurs, à commencer par l'économie, dit-il. Les vrais enjeux vont se poser maintenant pour ce gouvernement. L'Égypte est entrée dans une dynamique de transformation, et ça ne va pas s'arrêter.»

- Avec l'Agence France-Presse