L'armée égyptienne a assuré dimanche qu'elle continuait de bombarder pour le deuxième jour consécutif dans le nord du Sinaï, où un groupe djihadiste a revendiqué l'attentat auquel a échappé jeudi le ministre de l'Intérieur au Caire.

L'armée a affirmé qu'il s'agissait de sa «plus vaste opération militaire» visant à débarrasser la péninsule du Sinaï (est) des insurgés islamistes.

L'armée mène des raids épisodiques dans le Sinaï où les attaques visant les forces de l'ordre se sont multipliées après la destitution le 3 juillet du président islamiste Mohamed Morsi.

Dimanche, un groupe jihadiste basé dans le Sinaï a revendiqué l'attentat auquel le ministre Mohamed Ibrahim a échappé jeudi au Caire, dans un communiqué publié sur les forums jihadistes.

«Dieu a permis à nos frères d'Ansar Beit al-Maqdess de détruire le dispositif de sécurité du meurtrier Mohamed Ibrahim à travers une opération martyre», a affirmé le groupe.

Jeudi, une voiture piégée avait explosé au passage du convoi du ministre à proximité de son domicile au Caire, tuant une personne. M. Ibrahim qui circulait dans une voiture blindée en est sorti indemne.

Dans le communiqué, Ansar Beit al-Maqdess, un groupe qui dit s'inspirer d'Al-Qaïda et a revendiqué des attaques contre Israël, s'est excusé de «ne pas avoir tué le tyran», menaçant d'une nouvelle attaque contre lui et le chef de l'armée, le général Abdel Fatah al-Sissi.

Le groupe djihadiste reproche aux deux hommes d'être responsables de la mort de centaines de partisans de M. Morsi lors de manifestations ayant suivi sa destitution par l'armée.

«Nous appelons tous les musulmans en Égypte à se tenir à l'écart des installations militaires et des bâtiments du ministère de l'Intérieur pour préserver leurs vies», prévient le groupe jihadiste.

Dans le même temps, l'armée a assuré avoir tué samedi neuf insurgés dans le nord du Sinaï et capturé 15 autres, près de la frontière avec le territoire palestinien de la bande de Gaza. Mais ces bilans, ainsi que l'intensité des raids, sont impossibles à confirmer de sources indépendantes, les zones bombardées étant interdites d'accès par l'armée.

Des habitants contactés par l'AFP ont pu confirmer qu'ils avaient vu de loin des hélicoptères Apache de l'armée tirer roquettes et missiles sur des cibles pour la deuxième journée consécutive dimanche, notamment près de Rafah, le point de passage vers Gaza.

«Il s'agit de la plus vaste opération visant à débarrasser le Sinaï du terrorisme», a affirmé sur la page Facebook de l'armée son porte-parole, le colonel Ahmed Aly. Déjà mardi, lors d'un précédent raid, les militaires l'avaient qualifié «d'opération la plus importante» menée dans le Sinaï.

«Neuf terroristes» ont été tués samedi, a assuré l'officier, promettant que l'opération allait durer «plusieurs jours».

L'armée a «encerclé des villages où se sont réfugiés» les insurgés, a précisé le colonel Aly sans livrer plus de détails.

Les opérations militaires ont redoublé d'intensité après une série d'attaques contre les forces de l'ordre. Le 19 août, 25 policiers avaient ainsi péri dans l'attaque la plus meurtrière depuis des années dans la péninsule du Sinaï.

Des groupes radicaux ont établi leurs bases arrière dans cette région majoritairement peuplée de Bédouins aux relations difficiles avec le pouvoir central et théâtre en outre de multiples trafics le long de la frontière israélienne.

L'armée égyptienne a également récemment bombardé des insurgés islamistes qui s'apprêtaient à tirer des roquettes sur Israël.

En deux mois, les militaires ont assuré avoir tué une centaine d'insurgés dans le Sinaï et affirmé que ces derniers avaient tué 58 policiers, 21 soldats et 17 civils.