Les États-Unis ont demandé mardi aux autorités égyptiennes installées par l'armée de laisser manifester les partisans du président destitué Mohamed Morsi, s'inquiétant d'une nouvelle éruption de violence.

«Nous encourageons le gouvernement intérimaire à laisser le peuple manifester, c'est un élément fondamental pour faire avancer le processus démocratique», a plaidé la porte-parole adjointe du département d'État, Marie Harf.

Les partisans du président destitué ont manifesté mardi aux abords de ministères, défiant les autorités qui menacent de disperser à tout moment les milliers de pro-Morsi occupant deux places du Caire. L'une de leurs marches a brièvement dégénéré près du ministère des Biens religieux, où des heurts ont éclaté entre des partisans de l'ex-chef de l'État et des résidents du centre du Caire, poussant la police à tirer des grenades lacrymogènes.

«Nous observons de très près la situation sur le terrain (...), préoccupés par toute nouvelle information faisant état d'actes de violence», a dit la responsable américaine.

Washington assure officiellement ne pas prendre parti dans la crise égyptienne depuis la destitution le 3 juillet par l'armée du président islamiste Morsi, démocratiquement élu au printemps 2012.

«Nous avions certaines réserves sur la manière dont M. Morsi gouvernait. Quand nous aurons des inquiétudes similaires sur la manière dont le gouvernement intérimaire agit, nous le lui dirons aussi de manière claire», a assuré Mme Harf.

Le secrétaire d'État John Kerry avait paru début août appuyer le renversement de M. Morsi en affirmant que l'armée était intervenue pour «rétablir la démocratie». Il avait ensuite appelé au «dialogue» entre toutes les parties et au retour d'un processus «démocratique» via des élections.

Face à l'intervention des militaires égyptiens, le gouvernement américain évite soigneusement d'employer le terme de «coup d'État» pour ne pas devoir couper son aide militaire de 1,3 milliard de dollars par an: la loi américaine stipule en effet que toute aide doit être suspendue en cas de renversement d'un gouvernement civil par une armée.