Mohamed Morsi, le président égyptien déchu, était dans la nuit de mercredi à jeudi détenu dans un bâtiment militaire avec son équipe, après avoir été renversé par l'armée, ouvrant la voie à une délicate transition dans un climat de graves tensions.

La détention du premier président démocratiquement élu d'Égypte et de sa garde rapprochée est la dernière étape d'une série de mesures prises par les forces de sécurité qui ont resserré leur étau sur les Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, en lançant 300 mandats d'arrêt contre ses membres, dont des hauts dirigeants.

Dès l'annonce de l'armée, un enregistrement vidéo dans lequel le chef d'État islamiste déchu s'est redit «le président élu d'Égypte» a été diffusé, faisant craindre de nouvelles violences à l'issue d'une année de présidence Morsi marquée par des crises parfois meurtrières.

Alors que ses opposants exultaient sur la place Tahrir du Caire - une scène rappelant la liesse populaire lors de la chute du président Hosni Moubarak en février 2011 -, ses partisans ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d'entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l'ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie, sur la côte méditerranéenne.

«C'est un nouvel instant historique, nous nous sommes débarrassés de Morsi et des Frères musulmans», a dit un manifestant dans un cortège d'automobilistes klaxonnant et agitant des drapeaux.

Après les violences qui ont émaillé les rassemblements organisés depuis le 26 juin faisant 47 morts, le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait «fermement» aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi.

En outre, la sécurité a interrompu la diffusion de la chaîne de télévision des Frères et perquisitionné les locaux d'Al-Jazeera-Mobacher qui a diffusé l'enregistrement de M. Morsi.

L'armée, qui avait pris les rênes de l'exécutif durant 16 mois entre la chute de Hosni Moubarak et l'élection de M. Morsi, n'a pas précisé la durée de la période de transition avant la tenue d'élections présidentielle et législatives.

Les consultations pour la formation du prochain gouvernement - qui regroupera «toutes les forces nationales» et sera «doté des pleins pouvoirs» selon l'armée - ont débuté, a annoncé l'opposant Amr Moussa, et le Conseil constitutionnel a indiqué que son chef prêterait serment jeudi matin.

L'armée a promis qu'elle «resterait éloignée de la politique» par la voix de son chef, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui apparaît comme le nouvel homme fort du pays.

Il a détaillé, en compagnie des chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et du représentant de l'opposition Mohamed ElBaradei, une «feuille de route», qui, selon M. ElBaradei, «répond aux revendications du peuple».