Le président déchu Hosni Moubarak, un adversaire absolu des islamistes pendant ses 30 ans au pouvoir, estime que les Égyptiens doivent se rallier à son successeur islamiste Mohamed Morsi et cesser les protestations violentes, a indiqué son avocat lundi à l'AFP.

Mohamed Morsi, élu en juin 2012 premier président islamiste et civil d'Égypte, avait été emprisonné à deux reprises sous le régime de M. Moubarak qui attend son nouveau procès pour la mort de manifestants durant la révolte populaire qui l'a renversé en février 2011.

M. Morsi «est le président élu, les gens doivent se rassembler autour de lui», a dit l'ancien homme fort égyptien à son avocat Farid al-Dib.

«Moubarak est triste et frustré» devant la multiplication des manifestations violentes pour dénoncer la politique de M. Morsi, a ajouté l'avocat. Tout en reconnaissant le droit des Égyptiens à manifester pacifiquement, il souligne être hostile aux protestations violentes, toujours selon l'avocat.

Le nouveau procès de M. Moubarak, qui avait été condamné à la réclusion à perpétuité en première instance, commencera le 13 avril. Ses deux fils Gamal et Alaa, y seront également jugés.

Âgé de 84 ans, M. Moubarak est actuellement hospitalisé, sa santé ayant commencé à décliner après son incarcération en juin 2012, selon des sources de sécurité qui ont fait état de dépression aiguë, de difficultés respiratoires et d'hypertension.

La répression de la révolte en 2011 (24 janvier-11 février) a fait près de 850 morts.

«Moubarak considère toujours que ceux qui ont attaqué les commissariats en 2011 étaient des criminels et des voyous», a encore dit l'avocat, en allusion aux protestataires qui avaient mis le feu aux sièges de la police durant la révolte.

Les propos attribués à M. Moubarak ont suscité de larges commentaires sur les réseaux sociaux en Égypte s'étonnant notamment de la sympathie du président déchu vis-à-vis du président issu des Frères musulmans qui étaient ses ennemis jurés.

M. Dib a par ailleurs affirmé que l'état de santé de M. Moubarak s'était «amélioré».

Depuis l'élection du président islamiste, le pays, divisé entre pro et anti-Morsi, est en proie à des troubles parfois meurtriers.