Un bâtiment du siège des services de sécurité de Port-Saïd était en flammes lundi, au moment où des échauffourées opposaient police et manifestants dans cette ville du nord-est de l'Égypte secouée la nuit par des heurts meurtriers, qui ont coûté la vie à cinq personnes, selon un correspondant de l'AFP.

L'incendie, qui a démarré au rez-de-chaussée du local des services de sécurité, entraînait d'importantes émissions de fumée tandis que les heurts se poursuivaient dans les rues autour du bâtiment.

Cinq personnes, dont deux policiers, ont été tuées dans des violences nocturnes entre des habitants et les forces de l'ordre à Port-Saïd, une ville du nord-est de l'Égypte secouée depuis des semaines par des tensions qui s'ajoutent à un climat politique difficile dans le pays.

Des milliers de personnes ont participé lundi aux funérailles des trois victimes civiles, en lançant des slogans hostiles aux autorités et au président islamiste Mohamed Morsi, comme «le ministère de l'Intérieur est lâche» ou «dégage! dégage!».

Selon le ministère de l'Intérieur, des inconnus ont tiré «de manière aléatoire» aux abords d'un commissariat, tuant deux membres de la police anti-émeutes, atteints au cou et à la tête.

Trois autres personnes ont également été tuées, selon les services de secours de cette ville portuaire à l'entrée nord du canal de Suez.

Les affrontements avaient éclaté dimanche, après la décision du ministère de l'Intérieur de transférer 39 prisonniers attendant leur verdict, prévu samedi, dans un procès concernant des violences qui ont fait 74 morts après un match de soccer à Port-Saïd en février 2012.

Dimanche, les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov contre un poste de police de Port-Saïd, où une grève générale est entrée dans sa troisième semaine. La police a répondu par des tirs de gaz lacrymogène, selon un responsable de la sécurité.

Le trafic des navires sur le canal de Suez n'était pas affecté par ces troubles, a précisé l'organisme chargé de gérer cet axe qui relie la Méditerranée et la mer Rouge, stratégique pour le commerce mondial.

En janvier, 21 personnes, en majorité des partisans de l'équipe de soccer de Port-Saïd, avaient été condamnées à la peine capitale dans un premier procès pour les violences d'après match il y a un an.

Ce verdict avait provoqué des affrontements dans lesquels au moins 40 personnes avaient été tuées.

Heurts près de Tahrir

Le ministère de l'Intérieur avait depuis annoncé sa décision de transférer des prisonniers à l'extérieur de Port-Saïd, à commencer par les 39 accusés du deuxième volet de l'affaire, afin d'éviter de nouvelles violences.

Les habitants de Port-Saïd et d'autres villes longeant le canal se plaignent de longue date d'être marginalisés par Le Caire.

Des heurts se sont aussi produits au Caire dans la nuit de dimanche à lundi, près de la place Tahrir, entre policiers et manifestants.

La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule qui s'approchait d'un hôtel de luxe sur la corniche du Nil, déjà vandalisé en marge de heurts en février, selon un responsable de la sécurité.

Le calme était revenu sur place dans la matinée, selon des responsables.

L'Égypte a régulièrement été agitée par des violences parfois meurtrières ces derniers mois, souvent en marge de manifestations contre le président islamiste Mohamed Morsi, élu en juin, accusé d'avoir «trahi la révolution» et de ne pas parvenir à faire face aux problèmes économiques.

En visite dimanche en Égypte, le secrétaire d'État américain John Kerry s'est entretenu avec M. Morsi et a demandé au pays de redoubler ses efforts pour rétablir la stabilité politique et remédier à sa profonde crise économique.

Au nord du Caire, la région du delta du Nil a aussi été le théâtre de violences avec une campagne pour la désobéissance civile dans la province de Daqahliya.

Une personne a été tuée et des dizaines d'autres blessées dans des heurts pendant le week-end entre policiers et manifestants à Mansourah, la capitale de cette province.