Le président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi, s'est rendu vendredi dans le Sinaï pour tenter notamment de « rassurer » des familles coptes ayant fui la ville de Rafah après des menaces de mort.    

M. Morsi a participé à la grande prière hebdomadaire musulmane dans une mosquée d'Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, avant de s'exprimer devant des chefs de tribus bédouines et des habitants de la péninsule, selon la télévision d'État.

Dans le public se trouvaient certaines des familles chrétiennes de Rafah, ont dit à l'AFP des participants.

M. Morsi, qui devait selon sa page officielle sur Facebook « rassurer » les Coptes de Rafah, a assuré qu'il était « attaché à la sécurité de tous les Égyptiens » puis s'est adressé aux « frères coptes » en disant : « vos droits sont garantis. Votre sécurité est notre sécurité », ont ajouté ces témoins.

Le président s'est aussi rendu dans la péninsule pour commémorer l'anniversaire de l'offensive d'octobre 1973 contre Israël « avec les enfants du Sinaï », une région qui se plaint de marginalisation et où l'instabilité a augmenté depuis la révolte qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, selon la télévision d'État.

D'après des habitants et des responsables, plusieurs familles coptes de Rafah, ville frontalière de la bande de Gaza, ont fui vers Al-Arich, à une trentaine de kilomètres de là, après avoir reçu des menaces de mort de la part d'islamistes.

Des habitants ont indiqué que des tracts avaient circulé à Rafah exigeant, sous peine de mort, le départ de la petite communauté copte locale. Quelques jours plus tard, un magasin appartenant à une famille copte aurait été mitraillé.

Le premier ministre Hicham Qandil a démenti tout « transfert forcé », mais le Conseil national des droits de l'homme a confirmé que des « menaces » avaient forcé des familles coptes de Rafah à partir.

La visite de M. Morsi à Al-Arich s'est déroulée sous très haute sécurité. Des centaines de soldats étaient déployés aux accès de la ville et des blindés ont été positionnés dans les rues, selon une source de sécurité.

Le quotidien Al-Masri Al-Yom a affirmé que le chef de l'État devait initialement se rendre à Rafah, mais qu'en raison de « la détérioration de l'état de la sécurité », sa visite dans le Sinaï se limiterait à Al-Arich.

Le Sinaï connaît un regain d'instabilité depuis la chute d'Hosni Moubarak, avec notamment une intensification des activités de groupes radicaux. L'armée y a lancé une opération d'envergure début août, après une attaque ayant coûté la vie à 16 gardes-frontière égyptiens.

Les Coptes (de 6 à 10 % des 82 millions d'Égyptiens), qui se disaient déjà marginalisés sous Hosni Moubarak, craignent de plus en plus pour leur sécurité depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement islamiste. Ils ont fait l'objet de nombreuses attaques ces dernières années.