L'ancien ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni, en poste pendant plus de 20 ans sous le président déchu Hosni Moubarak et candidat malheureux à la direction de l'UNESCO, va être jugé pour corruption, ont annoncé mardi les médias officiels.    

L'adjoint du ministre de la Justice, Assem al-Gohari, a décidé de déférer M. Hosni devant une cour pénale pour « enrichissement illégal » après une longue enquête, a indiqué l'agence Mena, ajoutant que l'ancien ministre devait rendre 18 millions de livres égyptiennes (plus de 2,8 millions de dollars).

M. Hosni « n'a pas pu au cours de l'enquête donner de sources légitimes à cette fortune », selon Mena.

Selon une source judiciaire, l'ancien ministre n'a pas été en mesure de justifier l'existence de neuf millions de livres et devra en sus payer une amende de neuf millions.

Farouk Hosni a été pendant plus de 20 ans ministre de la Culture de Hosni Moubarak, renversé sous la pression d'un soulèvement populaire en février 2011. Dans la foulée de la chute du régime, M. Hosni avait été placé sur la liste des personnes interdites de quitter l'Égypte, mais son nom en avait plus tard été retiré.

M. Hosni avait fait les gros titres après avoir vu sa candidature à la direction de l'UNESCO échouer en 2009, après une vive polémique provoquée par des propos dans lesquels il assurait qu'il « brûlerait lui-même » les livres israéliens qu'il trouverait en Égypte.

Il avait assuré que ses propos avaient été sortis de leur contexte et avait démenti tout sentiment antisémite, sans parvenir à conjurer le malaise à l'étranger.

M. Hosni avait mis son retentissant échec à la tête de l'organisation de l'ONU pour la culture, la science et l'éducation sur le compte d'un « complot » et de « pressions sionistes ».

Longévité suspecte à la tête du ministère

Des intellectuels égyptiens avaient toutefois aussi mis en cause son bilan au ministère, estimant qu'il n'avait fait « aucun progrès notable » dans le domaine de la culture et que sa longévité au ministère était suspecte.

C'est sous le mandat de M. Hosni qu'un inestimable Van Gogh a été volé en août 2010 dans un musée du Caire. Le ministre avait annoncé - à tort - quelques heures après le vol que la toile avait été retrouvée, avant de se rétracter et de rejeter l'erreur sur un employé du ministère.

L'enquête avait montré que sur les 47 caméras de surveillance installées, 30 étaient en panne depuis 2006 et que le plus souvent, un seul gardien assurait la sécurité du musée.

Ce vol avait mis en lumière les conditions de sécurité déplorables dans de nombreux musées égyptiens, qui abritent notamment des trésors de l'ère pharaonique.

M. Hosni rejoint une longue liste d'anciens ministres et hommes d'affaires poursuivis ou condamnés pour corruption et malversations financières. La lutte contre la corruption reste l'une des principales exigences des militants qui ont poussé M. Moubarak au départ.

L'ex-président lui-même a été poursuivi pour enrichissement illégal, mais a été acquitté. Il purge toutefois une peine de prison à vie pour la mort de manifestants durant le soulèvement contre son régime.

Ses fils Alaa et Gamal sont de nouveau jugés pour corruption et restent en détention après que les charges contre eux eurent été levées au cours d'un premier procès en raison de l'expiration d'un délai de prescription.

L'ex-ministre des Finances, Youssef Boutros Ghali, a lui été condamné par contumace à 30 ans de prison pour corruption.