Un manifestant a été tué lundi au cours de la cinquième journée consécutive d'affrontements entre policiers et manifestants au Caire, où des militants ont appelé à la désobéissance civile pour marquer le premier anniversaire du départ de l'ex-président Hosni Moubarak le 11 février.

La mort du manifestant à l'aube, rapportée par le ministère de la Santé, porte à 13 le nombre de décès depuis le début jeudi des violences, provoquées par le drame de Port-Saïd où 74 personnes ont péri dans des violences après un match de football mercredi.

Les rues autour du ministère de l'Intérieur étaient couvertes de fumée, la police tirant régulièrement des gaz lacrymogènes, selon un journaliste de l'AFP.

Les affrontements, qui s'étaient poursuivis durant la nuit avant de s'interrompre dans la matinée, ont repris en début d'après-midi, avec des échanges de jets de pierres entre forces de l'ordre et protestataires.

Selon des témoins, la police a également tiré à la chevrotine contre les manifestants dans des rues proches de la place Tahrir menant au ministère de l'Intérieur.

Le Parlement a consacré ses débats de lundi aux violences, et plusieurs députés ont été envoyés sur place pour enquêter.

Le président du Parlement Saad al-Katatni a affirmé que le ministère de l'Intérieur lui avait assuré ne pas avoir tiré à la chevrotine. Aussitôt, le député libéral Mohammed Abou Hamed s'est levé en montrant la douille d'une telle munition, ramassée sur les lieux des affrontements d'après lui.

Les forces de sécurité sont accusées d'être restées passives face aux violences entre supporteurs à Port-Saïd, l'une des pires tragédies de l'histoire du football.

Cela a relancé la contestation contre l'armée, à la tête du pays depuis le départ de M. Moubarak le 11 février 2011 sous la pression de la rue.

Au Caire, les policiers ont érigé des murs dans plusieurs rues menant au ministère de l'Intérieur pour empêcher les manifestants de passer.

L'éditorialiste Amr Chobaki souligne dans le quotidien indépendant Al-Masry Al-Yom la difficulté de rétablir la confiance dans ce ministère, toujours discrédité aux yeux de nombreux Egyptiens.

«Le problème de ce ministère est complexe, en raison de son rôle sous l'ancien régime et de la collusion entre certains de ces chefs actuels et l'ancien système», écrit-il.

«Une fois ce ministère purgé et restructuré, les gens retrouveront confiance et pourront le soutenir», ajoute M. Chobaki, également député libéral dans la nouvelle assemblée.

Des étudiants de plusieurs universités ainsi que des groupes de militants pro-démocratie ont par ailleurs appelé à des grèves et des actions de «désobéissance civile» pour l'anniversaire du départ de M. Moubarak samedi.

Les manifestants et des commentateurs accusent des partisans de l'ancien président et de son ministre de l'Intérieur Habib el-Adly -aujourd'hui jugé avec M. Moubarak- d'avoir provoqué les violences de Port-Saïd.

Le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'en «réponse aux demandes des manifestants» il allait placer dans cinq établissements pénitentiaires différents les proches de M. Moubarak et anciens membres de son régime actuellement détenus à la prison de Tora, au sud du Caire.

Cette mesure concerne notamment les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, qui resteront toutefois ensemble.

Et une unité médicale est en préparation à Tora afin que M. Moubarak, actuellement en détention dans un hôpital militaire du Caire, puisse y être transféré, a ajouté le ministère. M. Moubarak est en jugement depuis août dernier.