Le président égyptien Hosni Moubarak a formé son nouveau gouvernement lundi, reconduisant une bonne partie de ses anciens ministres, à la veille d'une marche géante organisée après une semaine de manifestations sans précédent contre le régime qui ont fait au moins 125 morts.

M. Moubarak, qui fait face à un mouvement de contestation de cette ampleur pour la première fois en 30 ans de pouvoir, a formé un nouveau gouvernement, largement inchangé. Cette décision a été annoncée par la télévision d'État, qui a cité un décret présidentiel.

Le ministre de l'Intérieur Habib el-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, a été remplacé par un général, Mahmoud Wagdi.

Le gouvernement ne comprend plus aucune personnalité du milieu des affaires, considéré comme proche du fils d'Hosni Moubarak, Gamal, conspué lui aussi par les manifestants.

Le président Moubarak avait chargé son nouveau Premier ministre Ahmad Chafic de promouvoir la démocratie par le dialogue avec l'opposition, après un appel du président américain Barack Obama à une «transition vers un gouvernement répondant aux aspirations» des Égyptiens.

Lundi, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé M. Moubarak à engager «immédiatement» un «dialogue sérieux avec les partis d'opposition».

Le mouvement de contestation a lancé un appel à la grève générale lundi et à une marche «d'un million» de personnes mardi pour faire pression sur le régime.

Le trafic ferroviaire a été interrompu lundi.

La place Tahrir (place de la Libération), épicentre de la contestation dans le centre du Caire, n'a pas désempli. Les manifestants comptent sur le bouche-à-oreille pour diffuser leur appel, Internet restant bloqué et le service de messagerie mobile perturbé.

Certains manifestants y ont passé la nuit malgré le couvre-feu en vigueur dans la capitale, à Suez (est) et à Alexandrie (nord) de 15H00 (13H00 GMT) à 08H00 (06H00 GMT).

Six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été brièvement arrêtés lundi, et leur caméra confisquée au Caire. La chaîne satellitaire a été interdite en Egypte après avoir accordé une large couverture aux manifestations anti-gouvernementales.

Au septième jour de mobilisation, le pays est en partie paralysé. Les banques et la Bourse sont fermées pour une deuxième journée consécutive et la place du Caire sera de nouveau fermée mardi, selon la télévision publique.