Les citoyens canadiens qui se trouvent en Égypte pourront dès aujourd'hui être évacués vers l'Europe, a annoncé hier en fin d'après-midi le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. «Nous disposons de plans d'évacuation et le gouvernement a pris des dispositions pour transporter les citoyens canadiens qui le souhaiteraient vers l'Europe», a dit le chef de la diplomatie canadienne.

Hier matin, le gouvernement a d'abord publié un avis déconseillant aux Canadiens de se rendre en Égypte. Il a fallu attendre la fin de la journée pour que soit annoncée la mise en place d'un plan d'évacuation. «La situation égyptienne est hautement imprévisible et certaines manifestations ont pris une tournure violente, a expliqué M. Cannon. Le gouvernement recommande maintenant aux Canadiens de quitter l'Égypte.»

Le gouvernement espère évacuer de 700 à 800 Canadiens dès aujourd'hui. Les vols nolisés ont pour destination Paris, Londres ou Francfort. Les citoyens sont ensuite invités à prendre leurs «propres moyens» pour rejoindre leur pays. L'évacuation ne sera pas gratuite, a souligné le ministre, et les passagers transportés en Europe devront payer le coût de leur vol.

«L'objectif est de récupérer les coûts, sur une base obligatoire. C'est la norme appliquée par tous les pays dans ce domaine, notamment les Américains», a justifié M. Cannon. Si les Canadiens sont amenés vers l'Europe, c'est parce qu'ils pourront trouver dans les trois villes choisies les services consulaires les plus complets.

Le Canada n'est pas le premier pays à prendre des mesures d'évacuation. Hier, les pays du Golfe ont affrété une quinzaine d'appareils pour organiser le retour de leurs ressortissants, tout comme la Turquie qui, dès hier soir, tentait de ramener sur son territoire 750 expatriés. De leur côté, les États-Unis n'avaient toujours pas envoyé de vol hier soir, mais la liaison directe avec Le Caire assurée par Delta Air Lines a été suspendue hier. Enfin, plusieurs jets privés ont quitté l'aéroport du Caire durant toute la fin de semaine.

Ottawa reste prudent

Le ministre Cannon a également profité de son point de presse pour inviter le gouvernement égyptien à «accélérer les réformes démocratiques et économiques afin de répondre aux aspirations du peuple». Le gouvernement canadien se montre toutefois prudent et refuse d'appeler le président Moubarak à quitter ses fonctions, qu'il occupe depuis 30 ans. «C'est aux Égyptiens de faire leurs choix, tout comme nous n'accepterions pas qu'un pays étranger nous dise comment gérer nos affaires ici au Canada», a-t-il soutenu.

Près de 1200 Canadiens se sont inscrits aux services consulaires canadiens, mais Ottawa estime qu'ils sont environ 6500 à vivre en Égypte. La situation dans ce pays sera étroitement suivie par Ottawa, a dit M. Cannon.

Avec l'Associated Press

Au Canada, les citoyens peuvent composer le 1-800-606-5599 pour de plus amples renseignements.