L'ONG Human Rights Watch (HRW) a indiqué lundi avoir rencontré l'un des fils de l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi, Saadi, et des ex-responsables du régime déchu, qui ont fait état de mauvais traitements en prison.

«Pour la première fois depuis son extradition du Niger en mars 2014», Saadi Kadhafi, jugé pour meurtre en 2005 d'un ancien entraîneur d'Al-Ittihad, club de football de Tripoli, et participation à la répression de la révolte en 2011, «a pu s'entretenir (...) avec une ONG des droits de l'homme», indique HRW dans un communiqué.

Une équipe de l'ONG a pu rencontrer, en privé, Saadi Kadhafi le 15 septembre 2015 à la prison d'al-Hadba al-Khadra à Tripoli.

Elle s'est également entretenue avec l'ex-chef de la sécurité Abdallah Senoussi et deux anciens Premiers ministres de Kadhafi, Al-Baghdadi al-Mahmoudi et Abouzeid Dorda, condamnés à mort en juillet par un tribunal de Tripoli.

Saadi Kadhafi a «affirmé être détenu en cellule d'isolement, sans fenêtre, mais avec un ventilateur, et n'avoir aucun contact avec les autres détenus», selon le rapport.

Depuis le début de son procès en mai 2014, Saadi a comparu à trois reprises devant le tribunal à Tripoli et devrait de nouveau être entendu le 1er novembre.

Saadi Kadhafi a «indiqué que les témoins de la défense étaient soumis à "d'énormes pressions"» et que «ses avocats n'étaient pas présents durant ses interrogatoires», a rapporté HRW.

En août, une vidéo avait circulé sur les réseaux sociaux montrant Saadi Kadhafi subissant de mauvais traitements de la part de ses geôliers, et HRW avait demandé l'ouverture d'une enquête.

La prison où il est détenu est contrôlée par Fajr Libya, une coalition de milices qui a pris le contrôle de Tripoli en août 2014, et y a instauré un gouvernement et un Parlement qui ne sont pas reconnus par la communauté internationale.

Sur les sept fils de Kadhafi, trois sont morts pendant la révolution, de même que leur père, tué par des rebelles en octobre 2011.

Saïf al-Islam, le fils le plus en vue du dictateur, a été condamné à mort le 28 juillet par un tribunal de Tripoli pour notamment assassinats, pillages et sabotages. Il est détenu depuis novembre 2011 à Zenten, au sud-ouest de la capitale, par des milices opposées aux autorités de Tripoli.