Le gouvernement libyen a de nouveau demandé instamment mercredi au Conseil de sécurité d'assouplir l'embargo sur les armes en Libye afin de lui permettre de mieux lutter contre les groupes djihadistes.

Selon l'ambassadeur libyen à l'ONU Ibrahim Dabbashi, qui intervenait devant le Conseil, le gouvernement internationalement reconnu a présenté une nouvelle demande d'exemption à cet embargo. Il s'agit, a-t-il précisé, de «renforcer la capacité de l'armée de l'air libyenne de surveiller le territoire et les frontières du pays afin d'empêcher les terroristes d'atteindre les champs et les installations pétrolifères».

Il a fait valoir que le gouvernement avait renforcé les contrôles afin d'éviter tout détournement de ces armes. Les demandes d'exemption doivent passer par un Comité des sanctions qui dépend du Conseil.

Selon des documents auxquels l'AFP a eu accès, les demandes libyennes d'exemption ont été adressées le 15 décembre et le 26 février au Comité. La première concerne une commande à l'Ukraine pour six hélicoptères d'attaque et leurs munitions, 150 chars T-72 et une trentaine d'avions de chasse Sukhoi et MIGs.

La seconde porte sur du matériel de provenance tchèque et serbe (notamment des dizaines de milliers de fusils d'assaut et de mortiers et leurs munitions). Les membres du Conseil se sont donné jusqu'à lundi pour prendre une décision.

«Nous verrons dans les prochains jours si les membres de ce Conseil ont vraiment le souci de la sécurité et de la stabilité de la Libye et de toute la région», a déclaré l'ambassadeur libyen devant le Conseil.

Selon des diplomates, les membres du Conseil sont réticents à lever l'embargo, de peur que les armes livrées ne tombent entre de mauvaises mains, mais ils n'excluent pas un certain assouplissement des conditions d'exemption. Ils souhaitent cependant que soit d'abord constitué en Libye un gouvernement d'union nationale par le biais d'un dialogue politique.

Pour l'ambassadeur libyen, «la lutte contre le terrorisme ne doit pas être l'otage du dialogue politique» mais les deux doivent être «menés en parallèle».

«On ne peut pas empêcher le gouvernement de se procurer les armes et équipements militaires nécessaires pour renforcer l'armée et en même temps critiquer ce même gouvernement pour ne pas être capable d'assurer la sécurité, de contrôler les frontières et de prévenir le prolifération des armes», a-t-il encore souligné.

Livrée aux milices, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, l'un proche de Fajr Libya qui contrôle la capitale Tripoli, et l'autre reconnu par la communauté internationale qui siège à Tobrouk.

S'exprimant devant le Conseil par video-conférence, l'émissaire de l'ONU en Libye Bernardino Leon avait auparavant réclamé «une stratégie claire pour soutenir l'État libyen et les efforts d'un gouvernement d'union nationale dans la lutte contre la menace croissante du terrorisme».

Il a évoqué «les inquiétudes grandissantes en Libye devant ce qui est perçu comme un danger réel et imminent pour la sécurité du pays de la part de groupes extrémistes comme le groupe État islamique».

Une fois constitué un gouvernement d'union, a-t-il ajouté, il faudra aussi «une stratégie claire pour (lui) livrer une aide technique».

M. Leon doit présider jeudi au Maroc une nouvelle session de dialogue entre les deux parlements rivaux.

Cette réunion, a-t-il expliqué, permettra de discuter de «propositions» portant sur trois points: la formation d'un gouvernement d'union nationale, «des arrangements de sécurité en vue d'un cessez-le-feu global» et la rédaction de la constitution.