Les forces gouvernementales ont repoussé samedi un assaut de milices islamistes sur l'une des plus importantes régions pétrolières de la Libye, un pays plongé dans le chaos, selon des responsables militaires.

Des combattants de Fajr Libya, une coalition de milices islamistes qui se sont emparés en août de la capitale Tripoli, ont tenté d'avancer à partir de trois axes en direction de cette zone située dans l'est du pays et connue sous le nom de «la région pétrolière d'Al-Hilal» (croissant de lune en arabe) qui comprend les terminaux de Ras Lanouf, de Breïqa et d'al-Sedra.

Mais ils ont été stoppés par des raids de l'aviation, a indiqué le général Saqr Jarushi. «Des avions de l'armée et des hélicoptères ont frappé les combattants qui avançaient vers le terminal d'Al-Sedra», le plus grand du pays, a-t-il dit.

Fajr Libya a confirmé l'assaut lancé pour «libérer les champs et terminaux pétroliers» dans la «région d'Al-Hilal», située entre les villes de Benghazi et Syrte. La coalition a fait état de deux morts et plusieurs blessés dans ses rangs.

Les forces gouvernementales, qui incluent les forces de sécurité loyales à Abdallah al-Theni, le premier ministre reconnu par la communauté internationale, et celles du général à la retraite Khalifa Haftar, ont fait état de cinq blessés.

Après avoir repoussé l'assaut contre la région pétrolière, des combats ont ensuite éclaté entre forces gouvernementales et forces islamistes qui sont parvenues à entrer dans la région de Ben Jawad, où se trouve le terminal de Sedra, selon le général Jarushi.

Selon Ali Al-Hassi, le porte-parole des gardes de sécurité protégeant les sites pétroliers, l'aviation est entrée en action contre les assaillants à Ben Jawad.

Les combats ont cessé en soirée.

La production de pétrole libyen, dont la vente représente 96 % des revenus du pays, a été entravée cette année par plusieurs crises dans les terminaux pétroliers, avant de repartir progressivement l'été dernier. Al-Sedra et Ras Lanouf ont été bloqués durant un an par des gardes des installations pétrolières, partisans de l'autonomie, empêchant toute exportation.

Le blocage des principaux sites pétroliers avait fait chuter la production d'hydrocarbures et les revenus de l'État de plus de 80 %.

Les forces gouvernementales mènent actuellement des offensives à l'ouest de Tripoli ainsi qu'à Benghazi (1000 km à l'est de Tripoli) pour tenter de reconquérir les deux plus grandes villes du pays, tombées aux mains de milices islamistes.

Samedi, l'aviation loyale au général Haftar a lancé des raids à l'ouest de Tripoli contre les milices de Fajr Libya, selon un responsable militaire.

La Libye est plongée dans le chaos, dirigée par deux gouvernements et Parlements rivaux, et livrée aux milices depuis le renversement de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de soulèvement armé en 2011.

Vendredi, les milices islamistes de Derna, ville de l'est qui échappe au contrôle de l'État, se sont ralliées sous un commandement unique, le «Conseil de la choura des moujahidine», pour faire face à toute éventuelle offensive gouvernementale.

La ville de Derna, transformée en «émirat islamique» et qui accueille régulièrement des combattants étrangers depuis 2011, notamment pour y être entraînés avant d'être envoyés en Irak ou en Syrie, est devenue le fief des partisans du groupe extrémiste État islamique (EI), selon des experts.