Les forces du général dissident Khalifa Haftar ont mené dimanche de nouveaux raids aériens contre les groupes islamistes radicaux dans la ville de Benghazi, est de la Libye, s'attirant les foudres d'Al-Qaïda qui a appelé à combattre cet «ennemi de l'islam».

Selon Sagr Al-Jerouchi, «chef des opérations des forces aériennes» loyales au général Haftar, ces raids ont visé leurs objectifs «avec précision». Il fait état notamment d'un ancien palais où des membres du groupe jihadiste Ansar Asharia tenaient une réunion.

Un institut d'ingénierie à proximité a été endommagé, a indiqué un photographe de l'AFP. Les raids ont visé aussi un camp de «la brigade des martyrs de 17-Février», selon un membre de la brigade.

Cette puissante milice, formée d'ex-rebelles islamistes, dont des radicaux, est soupçonnée d'avoir des liens étroits avec Ansar Asharia, classé organisation terroriste par les États-Unis.

Les hôpitaux de Benghazi n'ont pas fait état de victime.

Le gouvernement sortant d'Abdallah al-Theni a condamné les «bombardements qui ont semé la peur et la terreur parmi les civils», dans un communiqué publié en début de soirée sur son site internet.

«Au moment où le gouvernement dénonce le terrorisme, les assassinats, les enlèvements et la terreur contre les citoyens, commis par certains groupes au nom de la religion, il n'approuve pas ces actes (les raids) de la part de parties affirmant parler au nom de l'armée libyenne», a-t-il ajouté après avoir obtenu le ralliement de plusieurs unités de l'armée, le général Haftar, qui se présente comme le chef de «l'Armée nationale libyenne», a lancé le 16 mai une campagne contre les groupes extrémistes à Benghazi, multipliant depuis les raids aériens sur des positions de brigades islamistes.

Benghazi est considérée comme le fief de nombreuses milices islamistes lourdement armées.

«Pas de retour en arrière»

Affirmant avoir un «mandat» du peuple libyen pour combattre le «terrorisme», le général Haftar, 71 ans, a proclamé dans un message récent lu sur une télévision privée qu'il n'y aurait pas de retour en arrière dans son offensive.

«Pas de retour en arrière, jusqu'à la libération du pays, le rétablissement de la sécurité et la stabilité et la consécration de la liberté et la démocratie», avait-il dit depuis l'est de la Libye.

Des milliers de Libyens l'avaient acclamé aussi bien à Tripoli qu'à Benghazi, saluant son opération baptisée «Dignité» contre les «groupes terroristes».

Al-Qaïda, dont aucun lien n'a été jusqu'ici établi avec les jihadistes libyens, a dénoncé dans un communiqué publié dimanche sur des sites jihadistes, le général dissident dépeint comme un «ennemi de l'islam» qu'il faut combattre.

«Nous vous appelons à vous unir pour extirper le symbole de la traîtrise et de l'apostasie: Khalifa Haftar et les partisans de (l'ancien dirigeant Mouammar) Kadhafi qui sont sous son commandement», a indiqué Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

«Grâce à l'appui du sanguinaire Sissi (Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée qui vient de remporter la présidentielle en Égypte), de la complicité de l'Amérique et des fonds des pays du Golfe, le traître Haftar a engagé une guerre contre l'islam sous le prétexte de combattre le terrorisme», a ajouté le communiqué.

«Nous avertissons nos frères libyens que le criminel Haftar exécute un plan des Croisés contre la charia et nous appelons notamment les héros libyens de la révolte à s'y opposer fermement», poursuit Aqmi.

Ansar Asharia avait de son côté déjà prévenu que le général Haftar aurait le même sort que l'ancien dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.

Le groupe avait accusé Khalifa Haftar, d'être un «nouveau Kadhafi» et un «agent des renseignements américains» et lui a promis, comme à ceux qui le soutiennent, le même sort que le colonel Kadhafi, arrêté puis tué en 2011 après huit mois de rébellion.

Sur le plan politique, la Libye, est dans l'impasse. Plongée dans une transition chaotique depuis la chute du régime Kadhafi, elle se retrouve aujourd'hui avec un Parlement divisé et deux gouvernements rivaux.

D'autre part, une réunion des États du Maghreb sur la Libye prévue initialement dimanche a Tunis a été reportée en raison d'un manque de «visibilité» dû à la grave crise dans ce pays, selon un porte-parole de la diplomatie tunisienne.