Plusieurs milices, dont deux puissants groupes originaires de Zenten (ouest), ont annoncé jeudi leur départ de la capitale libyenne lors de cérémonies en présence des autorités, une semaine après des heurts meurtriers qui avaient fait une cinquantaine de morts.

La brigade d'al-Qaaqa, originaire de Zenten, a remis aux autorités le site qu'elle occupait et a quitté les lieux avec ses armes et véhicules, dont des chars.

«Les membres de ce groupe ont tous intégré les gardes-frontières (...) Ils quittent cet endroit et vont se diriger vers leurs affectations aux frontières sud», a déclaré à l'AFP le commandant de cette brigade, Othman Mligta, un civil.

La brigade de Sawaek, également originaire de Zenten, parmi les mieux armées et les plus disciplinées à Tripoli, a annoncé aussi qu'elle quittait les locaux de l'Association de l'appel islamique, qu'elle occupait depuis l'entrée des rebelles à Tripoli en août 2011 qui avait entraîné la chute de la capitale aux mains des opposants au colonel Mouammar Kadhafi.

Le premier ministre Ali Zeidan, présent à la cérémonie sur ce site, a remercié ces groupes d'avoir accepté, à la demande des autorités, d'évacuer la capitale.

«La décision d'évacuer la capitale des groupes armés sera appliquée à toutes les factions sans exception», a-t-il assuré.

Les autorités ont annoncé cette semaine un plan prévoyant, dans une première étape, le départ des milices de la capitale, avant de les désarmer et intégrer leurs membres dans les services de sécurité.

Le 15 novembre, quarante-six personnes avaient été tuées et plus de 500 blessées dans des violences qui avaient été déclenchées par des tirs d'une milice contre des manifestants pacifiques venus lui demander de quitter la capitale.

Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, et avec lui tout le système sécuritaire de l'État, les nouvelles autorités ont chargé les ex-rebelles d'assurer la sécurité du pays, mais ont vite perdu le contrôle sur ces milices.

Plusieurs milices ont intégré les ministères de la Défense et de l'Intérieur, mais elles manquent de discipline et obéissent en premier lieu à leurs chefs et à leur ville ou tribu.

Sur la base aérienne de Miitiga, une milice islamiste de Tripoli, qui faisait office de brigade anticriminalité, a annoncé aussi qu'elle quittait le site qu'elle occupait, où elle tenait une prison.

«Nous remettons notre base à l'armée de l'air. Les prisonniers seront remis au ministère de la Justice», a indiqué à l'AFP Mahmoud Hamza, porte-parole du groupe.

Un autre puissant groupe, «la brigade du martyr Mohamed al-Madani», a indiqué qu'il quittait la caserne d'Al-Yarmouk qu'il occupe dans le quartier de Saleheddine.

Les milices de Misrata (à l'est de Tripoli), lourdement armées, avaient quitté lundi la capitale à l'appel de dirigeants locaux, après l'implication de l'une d'elles dans les heurts du 15 novembre.

Ces violences avaient provoqué la colère des Tripolitains qui observent depuis dimanche une grève générale ponctuée par des manifestations quotidiennes contre les milices. Les écoles, universités et quelques administrations étaient toujours fermées jeudi.

Une nouvelle manifestation est prévue vendredi à l'appel du Conseil local de la ville (équivalent de la mairie) et de l'Union des étudiants qui réclament le départ de toutes les milices de la capitale.

Certaines d'entre elles continuent en effet à occuper plusieurs sites publics et privés à Tripoli, comme l'aéroport contrôlé par des ex-rebelles de Zenten.