L'ultime premier ministre du régime libyen déchu, Al-Baghdadi al-Mahmoudi, a été accusé lundi par un tribunal de Tripoli de meurtre et corruption durant la révolution libyenne de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, a constaté une journaliste de l'AFP.

Selon les chefs d'accusation lus par le juge, M. Mahmoudi est accusé de «dilapidation de fonds publics» et d'avoir commis des actes visant à «tuer gratuitement des citoyens» durant l'insurrection de 2011.

Vêtu de l'habit traditionnel libyen, M. Mahmoudi n'a pris la parole durant cette audience qui a duré une heure, que pour confirmer sa présence au juge par un simple «oui».

Deux autres co-accusés, al-Mabrouk Zahmoul et Amer Salah Terfas, responsables d'une compagnie d'investissement dirigée par Saïf al-Islam, fils et dauphin de Mouammar Kadhafi, ont comparu sous les mêmes chefs d'accusation.

Leur absence au cours d'une première audience, le 12 novembre, avait provoqué un premier report du procès à la demande de la défense.

M. Mahmoudi et les deux autres prévenus sont accusés d'avoir viré 19 millions d'euros (plus de 24 millions de dollars) vers des comptes privés en Tunisie. Selon l'accusation, cet argent devait servir à financer un soutien logistique aux forces de l'ancien régime durant la révolution de l'année dernière.

À la demande de la défense, la Cour a décidé lundi de créer un comité d'experts comptables pour examiner les transactions financières et localiser l'argent public manquant.

La défense a également présenté une liste de témoins qu'elle souhaite interroger, comprenant des personnalités de l'ancien régime, dont certaines sont détenues en Libye et d'autres recherchées par les nouvelles autorités.

Les juges ont décidé d'ajourner l'audience au 14 janvier 2013.

Chef du gouvernement libyen de 2006 jusqu'aux derniers jours du régime Kadhafi, M. Mahmoudi avait fui la Libye en septembre 2011, peu après la prise de Tripoli par les rebelles.

Il avait été arrêté le 21 septembre à la frontière sud-ouest de la Tunisie, près de l'Algérie, puis livré à Tripoli le 24 juin après neuf mois de détention en Tunisie, où son extradition très controversée a déclenché une crise politique.