Une vidéo amateur tournée le 11 septembre après l'attaque du consulat des États-Unis dans la ville libyenne de Benghazi, montre des Libyens tentant de porter secours à un homme qui serait l'ambassadeur américain, Chris Stevens, mort dans l'attaque.

« Y a-t-il un médecin? Quelqu'un s'y connaît en médecine? », lance un des jeunes rassemblés autour du corps de l'homme, tandis qu'un autre pose une main sur le cou de la victime pour voir si elle respire encore, selon une vidéo diffusée sur l'internet et dont l'AFP a obtenu une copie.

Sur une autre séquence, on peut voir des manifestants qui sortent un corps de la fenêtre d'un bâtiment calciné, avant de le déposer par terre.

L'un d'eux affirme « il est mort » et d'autres crient « il est vivant, il est vivant. Sortez-le ». Des jeunes manifestent alors leur joie en criant « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand).

Une autre voix dit : « il est étranger, il est étranger ».

Fahid al-Bakouch, qui a tourné la vidéo, a affirmé à l'AFP que lui et ses amis étaient arrivés sur les lieux vers minuit, après avoir appris qu'il y avait une attaque contre le consulat.

« Il y avait des gens qui défendaient le consulat et d'autres qui essayaient de le piller », a ajouté ce jeune, en montrant à l'AFP sur son ordinateur portable des photos de la foule rassemblée autour du bâtiment en feu.

Ahmed al-Faraj, un journaliste local qui était également sur les lieux, a affirmé que « l'ambassadeur a été découvert par hasard, quand quelqu'un a marché sur lui », dans l'obscurité.

« Les gens ne savaient pas qu'il était ambassadeur, seulement qu'il était un Américain pris au piège », a-t-il dit.

Lui, comme deux de ses amis qui étaient sur place, a affirmé à l'AFP que l'ambassadeur était vivant à ce moment-là. L'une des personnes présentes l'a emmené par la suite dans sa voiture jusqu'à l'hôpital.

« Les gens essayaient de libérer de l'espace pour qu'il puisse respirer et ses yeux clignotaient », a assuré l'un d'eux, Ahmed Chamsi, ajoutant que l'ambassadeur « respirait ».

Seifeddine Zoghbia était de garde au Centre médical de Benghazi quand l'ambassadeur y a été emmené.

« Vers 1 h (19 h lundi, heure de Montréal,), des gens sont venus en poussant un brancard avec un patient qui semblait avoir été victime de brûlures », a-t-il raconté.

« Ils couraient (...) parce que quelqu'un était sur le point de mourir. Ils ont voulu le sauver à tout prix. Je suis venu et j'ai vérifié son pouls, mais il était sans pouls », a ajouté le médecin.

Selon lui, le personnel a tenté durant une demi-heure de le réanimer, en vain. Il a précisé que l'ambassadeur était mort d'asphyxie et qu'il n'y avait aucun signe de traumatisme sur son corps.

« Au début, je ne savais pas qu'il était ambassadeur, ou qu'il était Américain », a-t-il précisé.

Quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye, Chris Stevens, ont péri le 11 septembre dans l'attaque contre le consulat.

Celle-ci avait initialement été mise sur le compte de manifestants en colère contre un film dénigrant l'islam, produit et réalisé aux États-Unis.

Mais des responsables libyens et américains n'ont pas écarté l'hypothèse d'une attaque planifiée, voire d'une implication du réseau Al-Qaïda.

Ahmed Warfalli, qui vit à quelques pas du consulat, a déclaré à l'AFP que les renforts des forces de sécurité n'étaient arrivés sur place qu'après deux heures de tirs de roquettes et d'armes à feu.