Le nouveau premier ministre libyen élu, Moustapha Abou Chagour, a annoncé jeudi à l'AFP « une importante avancée » dans l'enquête sur l'attaque du consulat américain à Benghazi qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur Chris Stevens.

« Nous avons fait une importante avancée. Nous avons des noms et des photos. Des arrestations ont eu lieu et d'autres sont menées au moment où je vous parle », a déclaré M. Abou Chagour dans sa première interview depuis son élection la veille par l'Assemblée nationale à la tête du futur gouvernement.

M. Abou Chagour n'a pas donné de détails sur le nombre ou l'éventuelle appartenance des personnes arrêtées.

« Nous ne voulons pas catégoriser ces gens avant qu'on les connaisse avec précision », a ajouté M. Abou Chagour qui garde toujours son poste de vice-premier ministre jusqu'à la formation du nouveau gouvernement.

L'attaque a coûté la vie mardi à quatre fonctionnaires américains, dont l'ambassadeur en Libye, et a suscité une vague de condamnations internationales.

Les autorités libyennes ont pointé mercredi du doigt à la fois les partisans du régime déchu de Mouammar Kadhafi et Al-Qaïda.

Mais M. Abou Chagour a écarté par ailleurs qu'al-Qaïda soit présente en Libye.

« Nous n'avons pas jusqu'ici de preuves sur une présence d'Al-Qaïda en tant qu'organisation en Libye », a-t-il dit ajoutant toutefois qu'« il y a quelques jeunes qui sont influencés par l'idéologie extrémiste d'Al-Qaïda ».

M. Abou Chagour a indiqué que les extrémistes sont une minorité en Libye et que leur « nombre ne dépasse pas les 100 ou 150 ».

« La plupart des jeunes islamistes en Libye sont modérés. Les extrémistes sont une minorité », a-t-il insisté.

M. Abou Chagour a qualifié l'attaque du consulat d'« acte lâche, criminel et terroriste », estimant que l'attaque était un « acte isolé, ne représente pas un phénomène dans la société libyenne et n'aura pas de conséquences négatives sur la relation avec nos alliés et partenaires européens et américains qui nous ont appuyés au cours de la révolution ».

Au sujet de l'annonce la veille par un haut gradé américain de l'envoi de deux navires de guerre vers les côtes libyennes, M. Abou Chagour a indiqué qu'il n'avait pas de confirmation à ce sujet. « Mais, a-t-il dit, nous n'accepterons aucune atteinte à notre souveraineté ».

Les États-Unis ont annoncé également le déploiement en Libye d'une équipe d'une cinquantaine de Marines spécialisés dans la lutte antiterroriste.

L'envoi de cette force a été décidé « en concertation avec les auorités libyennes », a affirmé M. Abou Chagour, précisant que Washington veut sécuriser trois sites à Tripoli, dont l'ambassade et deux résidences.

Le chef du futur gouvernement qui succèdera officiellement à Abdelrahim al-Kib dans une quinzaine de jours, a regretté la mort de l'ambassadeur Chris Stevens.

« Nous sommes tristes pour la mort de cet homme qui a passé des mois à Benghazi durant la révolution et nous a fourni un grand appui. C'est un homme qui a aimé la Libye », a-t-il déploré.

« Ce qui s'est passé à Benghazi ternit l'image du peuple libyen. Ces gens-là sont nos invités avant d'être diplomates », a-t-il encore ajouté.