Quatre Américains sont morts, dont l'ambassadeur en Libye, à la suite d'un attentat apparemment orchestré de longue date et qui pourrait être lié à l'anniversaire du 11-Septembre. Des experts n'écartent pas la piste d'Al-Qaïda ou d'Ansar al-Charia, mais n'ont pour l'instant que peu de preuves pour étayer leurs soupçons. Un nouveau bourbier, sur fond de campagne à la présidence américaine.

Au lendemain de l'attaque survenue à Benghazi, qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye, Hillary Clinton a soulevé une question que plusieurs de ses compatriotes ont dû se poser: «Comment cela a-t-il pu se produire dans un pays que nous avons aidé à libérer, dans une ville que nous avons aidé à sauver de la destruction?»

La secrétaire d'État américaine n'a pas répondu directement à la question et s'est contentée d'attribuer le meurtre de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois fonctionnaires du consulat des États-Unis de Benghazi à un «petit groupe sauvage, pas au peuple libyen». Selon les services de renseignement américains, les auteurs de l'attaque auraient profité de la colère et de la protestation soulevées par un film anti-islam produit aux États-Unis pour couvrir un assaut planifié de longue date.

Mardi, des protestataires ont également pris d'assaut l'ambassade des États-Unis au Caire pour protester contre le long métrage, intitulé L'innocence des musulmans. Mais ils n'étaient pas armés, contrairement à ceux de Benghazi, qui ont utilisé des lance-roquettes et des mortiers lors de l'attaque contre le consulat.

Barack Obama, qui s'est exprimé peu après la chef de la diplomatie américaine, a promis que «justice sera faite» en Libye.

«Les États-Unis condamnent dans les termes les plus forts cette attaque scandaleuse et choquante», a dit le président, flanqué de Hillary Clinton, lors d'une brève déclaration dans la roseraie de la Maison-Blanche.

Pas d'allusion directe au film

«Nous travaillerons avec le gouvernement libyen pour que les tueurs qui ont attaqué nos ressortissants rendent des comptes», a-t-il ajouté, tout en assurant que «l'attaque ne rompra pas les liens entre les États-Unis et la Libye».

Dans son intervention, le président n'a pas fait d'allusion directe au film controversé. Il a cependant rappelé que les États-Unis rejettent «toutes les tentatives de dénigrement de la foi religieuse des autres». «Mais il n'y a absolument aucune justification pour ce genre de violence insensée. Aucune», a-t-il dit.

À moins de huit semaines de l'élection présidentielle, le candidat républicain Mitt Romney a durement critiqué la réaction de l'administration Obama aux attaques antiaméricaines du Caire et de Benghazi.

«Il est honteux de la part de l'administration Obama que sa première réponse n'ait pas été de condamner les attaques contre nos délégations, mais de sympathiser avec ceux qui les ont orchestrées», a-t-il dit dans un communiqué.

Romney critiqué

L'ancien gouverneur du Massachusetts faisait allusion à une déclaration de l'ambassade américaine du Caire, publiée avant que les protestataires ne réussissent à escalader les murs de son enceinte. Dans cette déclaration, l'ambassade a notamment dénoncé les tentatives de dénigrement des musulmans.

La page éditoriale du Washington Post a estimé que Mitt Romney avait «discrédité sa campagne» en accusant le président de sympathies pour les extrémistes musulmans.

Quant à Barack Obama, il a ironisé en commentant la réaction de son rival lors d'une interview à CBS: «Le gouverneur Romney semble avoir tendance à tirer d'abord et à viser ensuite.»

L'ambassadeur Stevens n'était pas précisément visé par l'attaque contre le consulat, selon les services secrets américains. L'ironie veut qu'il ait été un des plus ardents partisans des rebelles libyens dans leur lutte contre Mouammar Kadhafi. Il est mort intoxiqué par la fumée d'un incendie, selon des sources citées par CNN.

Déploiement de militaires

La marine américaine a envoyé deux navires vers les côtes libyennes, par « mesure préventive», hier. Un groupe-choc d'une cinquantaine de marines spécialisés dans la lutte antiterroriste a aussi été déployé en Libye pour protéger le personnel américain.

Au moment d'écrire ces lignes, les auteurs de l'attentat ne l'avaient toujours pas revendiqué. Certains experts n'écartent pas la possibilité que l'attaque ait été orchestrée par Al-Qaïda pour venger la mort d'Abou Yahya Al-Libi, numéro deux de l'organisation, tué il y a quelques mois, et souligner l'anniversaire du 11-Septembre.

OFFENSE CONTRE L'ISLAM ET COLÈRE MUSULMANE

En septembre 2005

La publication dans des journaux danois de 12 caricatures du prophète Mahomet provoque plusieurs émeutes dans des pays musulmans.

En 2010

Le pasteur floridien Terry Jones annonce son intention de brûler 200 exemplaires du Coran le 11 septembre. Des manifestations éclatent dans le monde, notamment en Afghanistan, où sept personnes travaillant pour les Nations unies sont tuées. Le pasteur renonce à brûler les livres.

PHOTO HAITHAM MUSSAWI, ARCHIVES AFP

En 2005, la publication dans des journaux danois de 12 caricatures du prophète Mahomet provoque plusieurs émeutes dans des pays musulmans.

En mars 2011

Le même Terry Jones fait brûler un exemplaire du Coran dans son église, un évènement diffusé en direct sur l'internet. Des manifestations ont lieu en Afghanistan et auraient fait une douzaine de victimes.

PHOTO ARCHIVES AFP

Le pasteur américain Terry Jones..

En février 2012

Les accusations des autorités afghanes selon lesquelles des soldats américains auraient brûlé des exemplaires du Coran déclenchent une manifestation devant la plus grande base militaire américaine d'Afghanistan.

PHOTO MASSOUD HOSSAINI, ARCHIVES AFP

En février 2012, Les accusations des autorités afghanes selon lesquelles des soldats américains auraient brûlé des exemplaires du Coran déclenchent une manifestation devant la plus grande base militaire américaine d'Afghanistan.