Les autorités libyennes ont affirmé lundi avoir repris le contrôle «total» de l'aéroport de Tripoli, pris d'assaut quelques heures plus tôt par d'ex-rebelles qui ont bloqué le trafic aérien. «Les autorités ont le contrôle total de l'aéroport», a déclaré aux journalistes à Tripoli, le vice-ministre libyen de l'Intérieur, Omar al-Khadrawi, ajoutant que des dizaines d'assaillants avaient été arrêtés et leurs armes saisies.

Un peu plus tôt, lundi, des miliciens ont pris d'assaut l'aéroport de Tripoli, bloquant le trafic aérien, pour dénoncer le mystérieux « enlèvement » de leur chef, ravivant les inquiétudes face aux agissements des groupes armés qui menacent la stabilité de la nouvelle Libye.

Des dizaines d'hommes armés de la brigade Al-Awfya de la ville de Tarhouna, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, sont entrés sur le tarmac de l'aéroport à bord de véhicules armés et au moins un char, empêchant tout avion de décoller ou d'atterrir.

«Des voitures avec des canons anti-aériens et des hommes armés entourent les avions et les empêchent de bouger. Certains ont fait descendre des voyageurs ayant déjà embarqué dans des avions», a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire sous couvert de l'anonymat.

L'agence officielle Lana qui cite des témoins a confirmé cette «prise d'assaut», affirmant qu'avec cet acte, les assaillants veulent faire pression sur le gouvernement libyen pour élucider l'affaire du rapt de leur chef Abouajila Al-Habchi.

Selon l'agence, les hommes armés ont tiré en l'air, blessant légèrement un des employés de l'aéroport et provoquant la panique parmi les voyageurs.

Le porte-parole du Conseil national de transition (CNT), Mohamed al-Harizi avait déclaré plus tôt qu'une enquête avait été ouverte pour déterminer les circonstances de la disparition du commandant de la brigade d'al-Awfya.

Dans l'après-midi, la situation était calme à l'aéroport malgré la tension prévisible.

Dans l'aérogare, tous les guichets des compagnies aériennes étaient fermés, et la plupart des passagers ont quitté l'aéroport, trainant leurs valises, selon une journaliste de l'AFP.

«Ils étaient armés et nous ont forcés à quitter l'appareil»

«Des membres de la brigade Al-Awfya sont entrés dans l'avion. Ils étaient armés et ils nous ont forcés à quitter l'appareil», a indiqué à l'AFP Ahmed Losta, un résidant de Tripoli qui avait embarqué pour Rome.

Selon une journaliste de l'AFP, des chefs de tribus sont arrivés à l'aéroport dans l'après-midi pour négocier avec les assaillants.

Peu de temps après, des dizaines de véhicules armés d'ex-rebelles de Tripoli se sont positionnés dans l'aéroport, faisant accentuer la pression d'un cran.

Des coups de feu intermittents avaient alors été entendus. Mais il n'était pas clair s'il s'agissait d'affrontements ou de tirs d'intimidation.

Le porte-parole du chef d'état-major de l'armée libyenne, le colonel Ali al-Chikhi a indiqué que des négociations avaient été engagées entre la milice, des officiers de l'armée et des dignitaires de la ville de Tarhouna.

Selon le colonel al-Chikhi cité par l'agence Lana, les négociateurs tentent de convaincre les «groupes d'assaillants de se retirer de l'aéroport pour éviter un recours à la force».

Dénonçant la prise d'assaut de l'aéroport, il a estimé que cet «acte portait atteinte à l'autorité de l'État et à ses institutions souveraines».

Ces violences interviennent au moment où le nouveau régime tente d'assurer la population et la communauté internationale sur sa capacité d'assurer la sécurité dans le pays à la veille des  élections d'une constituante prévues ce mois-ci.

Les autorités libyennes avaient intégré plusieurs milliers d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi durant les huit mois de la révolution libyenne, dans les ministères de l'Intérieur et de la Défense, mais plusieurs brigades lourdement armées sont toujours récalcitrantes ou exigent d'être intégrées, sans être dissoutes.

Certaines d'entre elles continuent à surveiller les frontières ou assurer la sécurité dans plusieurs régions, mais n'hésitent pas à recourir aux armes pour faire plier les autorités, voire se livrer au racket.

Beaucoup de ces milices ont pris goût au pouvoir des armes et refusent de s'en séparer, ce qui a provoqué l'indignation de la population civile qui s'est mobilisée à plusieurs reprises pour dénoncer ces «faux révolutionnaires».