La Tunisie a décidé d'extrader l'ancien premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi actuellement détenu à Tunis, a-t-on appris mardi auprès du ministère tunisien de la Justice.

Arrêté en septembre dernier dans le sud tunisien pour «franchissement illégal» de la frontière alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Algérie, M. Mahmoudi, dernier chef de gouvernement du régime de l'ex-dictateur Moammar Kadhafi, fait l'objet d'une demande d'extradition présentée par les nouvelles autorités libyennes. La justice tunisienne a donné une suite favorable à cette requête, dénoncée par ses avocats qui la jugent «illégale».

La décision du gouvernement tunisien de le livrer à Tripoli intervient à la suite d'une visite effectuée en Tunisie par le premier ministre libyen Abderrahim El-Kib.

«La Tunisie ne sera jamais un refuge pour quiconque représente une menace pour la sécurité de la Libye», avait alors déclaré le chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali lors d'un point de presse avec son homologue libyen.

Le porte-parole du ministère de la Justice Mondher Bedhiafi a précisé à l'Associated Press que l'extradition se fera dans les semaines à venir, après l'achèvement de la procédure nécessaire.

Selon lui, l'article 324 du code de procédure pénale tunisien (CPP) habilite le chef du gouvernement à prendre une telle décision après son examen final par les instances judiciaires.

«Si l'avis de la chambre d'accusation déclare recevable la demande d'extradition, le gouvernement a latitude d'autoriser l'extradition ou de la refuser», stipule l'article du CPP.

Plusieurs organisations internationales, dont Human Rights Watch (HRW), s'étaient prononcées auparavant contre l'extradition de l'ancien responsable libyen en raison des risques qu'il encourt.

Tunis étaye sa décision par les assurances données par les autorités libyennes qui se sont engagées à assurer à M. Mahmoudi «un procès équitable», a ajouté le porte-parole.