Des dizaines de personnes ont manifesté jeudi devant une prison des environs de Tripoli pour dénoncer les mauvais traitements dont se disent victimes les fidèles du régime de Mouammar Kadhafi détenus dans l'établissement.

Le ministre libyen de l'Information, Mahmoud Shammam, a expliqué que la plupart des prisons du pays étaient toujours contrôlées par des groupes de combattants semi-autonomes, et non par le gouvernement intérimaire.

Des groupes de défense des droits de la personne ont déjà signalé des mauvais traitements de détenus dans les prisons gérées par les anciens rebelles.

M. Shammam a admis qu'il y avait «beaucoup de problèmes dans les prisons». Il a estimé que les plus récentes allégations à ce sujet soulignaient la nécessité d'accélérer la période de transition en Libye.

En vertu de l'échéancier actuel, une Assemblée nationale doit être élue d'ici huit mois afin d'élaborer une nouvelle Constitution et d'organiser des élections générales.

M. Shammam a avancé qu'il serait possible d'élire une nouvelle assemblée d'ici six mois afin de raccourcir la période de transition.

«Le temps passe et nous devons agir plus vite que nous le faisons en ce moment», a dit le ministre à l'Associated Press, en précisant qu'il n'exprimait que son point de vue personnel.

Le président du Conseil national de transition, Mustafa Abdul-Jalil, a lui aussi exprimé son souhait d'accélérer la transition.

«Peut-être pourrions-nous raccourcir cette période de temps afin que les Libyens puissent rapidement choisir leurs représentants», a dit M. Abdul-Jalil mercredi.

Jeudi, des proches de fidèles du régime Kadhafi détenus dans la prison de Tajoura, en banlieue de Tripoli, ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de détention. Ils ont demandé que les détenus soient relâchés pour la fête musulmane d'Aïd El-Adha, qui commence le week-end prochain.

Selon une liste affichée à l'entrée de la prison, environ 1000 personnes y sont détenues.

Salah Shambo, âgé de 53 ans, a expliqué qu'il avait visité deux cousins dans la prison plus tôt cette semaine. L'un est un ancien membre des services de sécurité et l'autre était employé dans un hôpital.

L'employé d'hôpital lui a raconté qu'il avait été détenu dans une minuscule salle de bains de la prison pendant un mois, les mains attachées au mur. Il a dit s'être fait mettre la tête dans la toilette durant un interrogatoire.

D'autres proches se sont fait dire par les prisonniers qu'ils étaient souvent battus, particulièrement quand les gardiens avaient bu de l'alcool, et que les cellules étaient surpeuplées.

Un ex-détenu, qui a déclaré avoir passé 50 jours dans la prison, a affirmé que son compagnon de cellule avait été torturé avec des chocs électriques. Cet ex-détenu, un ancien agent de renseignement dans le régime Kadhafi, a réclamé l'anonymat par crainte de représailles.

Les proches des prisonniers ont cependant affirmé que les conditions de détention s'étaient améliorées depuis l'arrivée d'un nouveau groupe de gardiens il y a une semaine.

Mohammed Garghouti, un voisin de la prison âgé de 25 ans, a affirmé qu'il avait appuyé les forces anti-Kadhafi pendant la guerre, mais qu'il était maintenant désillusionné.

«Beaucoup de gens sont morts pour un avenir meilleur», a-t-il dit au sujet de la guerre qui a mené au renversement du dictateur. «Pourquoi agissent-ils mal eux aussi, comme Kadhafi?», s'est-il demandé au sujet des ex-rebelles qui gèrent la prison.

Les responsables de la prison ont refusé de commenter la situation.

Photo: Ismail Zitouny, Reuters

Des dizaines de personnes ont manifesté jeudi devant une prison des environs de Tripoli pour dénoncer les mauvais traitements dont se disent victimes les fidèles de Kadhafi qui y sont emprisonnés.